C’est que depuis le début des frappes de la coalition internationale contre les bastions de Daech en Irak et en Syrie, la communauté internationale était en train de vivre dans une situation de déni. Et parce que échaudés par de récentes et tragiques expériences militaires, les pays occidentaux sont devenus réticents à déployer des forces terrestres, ils se cramponnaient à l’espoir que les bombardements aériens allaient suffire à affaiblir la progression de l’Etat islamique.
Mais l’écart n’a cessé de se creuser entre cette vison idyllique d’une campagne militaire internationale qui finira par porter ses fruits et une réalité militaire qui avantage Daech et favorise son expansion. D’où les voix au sein de l’administration américaine et des états majors européens qui commencent à exprimer publiquement leurs doutes sur l’efficacité des options militaires choisies.
Au sommet de Paris, auquel participent 24 ministres et organisations internationales, se pose avec pertinence et nécessité la question de revoir la stratégie mis en place pour contenir et éradiquer Daesh. Faudra-t-il envisager de déployer des forces terrestres en Irak ? Faudra-t-il élargir pour la France le périmètre de son intervention à la Syrie? Quelles mesures prendre pour étrangler économiquement l’organisation de l’Etat islamique qui vit, s’enrichit et se renforce de trafics de pétrole notamment aux frontières avec la Turquie ? Comment éviter que l’Irak ne se transforme en un théâtre à ciel ouvert d’affrontements sanglants entre chiites et sunnites? Comment empêcher l’intarissable afflux des combattants étrangers vers l’Irak et la Syrie ? Autant de questions et de défis qui font du sommet de Paris l’incontournable occasion d’interpeller la communauté internationale sur le sérieux et l’efficacité de sa guerre contre l’EI.
Le sommet de Paris ne peut se permettre le luxe de reconduire la même stratégie qui a montré jusqu’à présent les limites de son efficacité. Il se doit d’imaginer une nouvelle approche pour éviter la grande explosion du Proche orient sous les coups de boutoir de Daech.