Algérie: un général à la retraite entame une grève de la faim pour réclamer justice
Un général algérien à la retraite, arrêté fin septembre après avoir tenu des propos critiques envers le président Abdelaziz Bouteflika et son frère Saïd, a entamé une grève de la faim pour réclamer justice.
"Le général Benhadid risque de mourir parce qu’il a osé citer quelques noms", a déclaré l’un de ses avocats Me Khaled Bourayou lors d’une conférence de presse organisée "pour alerter l’opinion publique" sur la situation du général en détention provisoire et en grève de la faim depuis mardi.
L’interpellation du général Hocine Benhadid était intervenue le 30 septembre, deux semaines après une interview polémique à la Radio M (du site Maghreb Emergent) au cours de laquelle il s’était attaqué à plusieurs hauts responsables, dont Saïd Bouteflika, le frère de l’actuel président, Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, et Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), puissante organisation patronale.
Il est accusé, selon ses avocats, d’avoir "participé en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la défense nationale", et risque une peine de prison allant de cinq à dix ans.
Or, "il n’y a pas de délit", a déclaré à l’AFP Me Mustapha Bouchachi, militant des droits de l’Homme et l’un des avocats du général à la retraite.
"C’est un Algérien qui a exprimé un avis sur la situation en Algérie. C’est un droit constitutionnel (…) Les faits qu’on lui reproche ne peuvent pas dépasser la qualification de délit de diffamation", a-t-il ajouté.
Le général Benhadid, 72 ans , atteint de plusieurs pathologies, a entamé mardi une grève illimitée de la faim et ne prend plus ses médicaments car il a épuisé toutes les voies pour réclamer justice, selon ses avocats.
"Je lui ai rendu visite hier (jeudi) et son état de santé est critique", a déclaré Me Bouchachi qui affirme que cette affaire "est purement politique".
Il demande à être transféré dans un hôpital, selon ses défenseurs. Il est en détention provisoire depuis près de cinq mois et attend toujours d’être entendu alors que cela ne devrait pas prendre plus d’un mois, ajoutent-ils.
L’Algérie a révisé début février sa Constitution qui garantit en principe les libertés des citoyens. "Il y a une réalité: si Benhadid reste dans cette situation, la Constitution n’est qu’un effet d’annonce", assurent ses avocats.
Dans l’entretien polémique, le général à la retraite avait prêté des ambitions présidentielles à Saïd Bouteflika. "Il fallait (donc) qu’il élimine Toufik qui est son principal obstacle", avait-t-il ajouté en référence à l’ex-patron des services du renseignement militaire, le général Toufik.
Le 13 septembre, M. Bouteflika a mis fin aux fonctions de ce dernier, confirmant sa domination sur l’armée.