La communauté internationale autour du berceau du G5 Sahel
Face à la déferlante d’attaques jihadistes aux frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force conjointe du G5 Sahel, encore naissante, aura besoin de toute l’aide possible pour accomplir sa mission, selon les diplomates et les responsables militaires.
"Cette force conjointe est une force naissante", a expliqué son commandant, le général malien Didier Dacko, devant les ambassadeurs du Conseil de sécurité de l’ONU en visite à Sévaré, étape cruciale d’une tournée au Mali, en Mauritanie et au Burkina Faso la semaine dernière. "Elle a besoin de soutien pour grandir".
La force conjointe sera organisée en trois "fuseaux", ouest, est et centre, avec respectivement un poste de commandement en Mauritanie, au Tchad et au Niger, dont seul le dernier est actuellement en service. Elle doit atteindre d’ici mars 2018 sa pleine capacité de 5.000 hommes, répartis en sept bataillons: deux maliens, deux nigériens et un de chacun des trois autres pays.
Dans un premier temps, son activité se concentrera sur les confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, où les jihadistes se sont implantés à la faveur des carences des Etats et des tensions intercommunautaires, notamment entre éleveurs et agriculteurs.
Plusieurs opérations sont déjà planifiées pour les prochains mois, la première à partir de la fin octobre, selon des documents consultés par l’AFP.
L’objectif initial est "de reconquérir ces zones frontalières, avec les populations" pour desserrer l’emprise que les jihadistes exercent sur elles, a indiqué le général Dacko. "La force conjointe n’est pas la solution aux problèmes du G5 Sahel, mais une partie de la solution", a-t-il prévenu.
Réunion G5 Sahel le 30 octobre à l’ONU
Lors de la visite du Conseil de sécurité, les représentants des missions militaires étrangères au Mali ont insisté sur l’intérêt de ce "nouvel outil très efficace", pour tenir durablement le terrain dans les zones frontalières et sa complémentarité avec la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et l’opération française Barkhane, qui traque les jihadistes à travers le Sahel.
Mais ils ont mis en garde contre un échec qui risquerait de casser cette dynamique dans la phase de déploiement initial où le dispositif est particulièrement vulnérable.
Face à la dégradation de la situation dans le centre du Mali, limitrophe du Burkina Faso et du Niger, gagnés à leur tour par les violences jihadistes, le G5 a réactivé en février à Bamako ce projet de force conjointe, lancé en novembre 2015.
Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron appuie personnellement cette initiative, que son pays a inscrite en tête des priorités de sa présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre.
Une réunion ministérielle sur le soutien à la force du G5 Sahel est prévue le 30 octobre à l’ONU, ainsi qu’une conférence des donateurs le 16 décembre à Bruxelles.
Dans un rapport remis le 16 octobre au Conseil, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, recommande une aide internationale accrue à cette force, dont le financement n’est couvert qu’à hauteur de 108 millions d’euros, pour lui permettre notamment de se doter d’une compagnie mécanisée légère par bataillon, et de capacités d’observation, y compris de drones.
Le secrétaire général de l’ONU propose quatre options pour soutenir la force du G5, allant de la création d’un bureau de soutien dédié de l’ONU, sous mandat du Conseil de sécurité, pour la plus ambitieuse, à un simple appui logistique de la Minusma.
Le G5 a estimé le coût de fonctionnement de la force à 423 millions d’euros pour sa première année, mais lors de la visite du Conseil de sécurité, certains pays se sont montrés ouverts à une révision à la baisse de cette évaluation.