Des dirigeants européens mettent en garde Trump sur l’UE et Moscou
Inquiets des propos iconoclastes de Donald Trump, plusieurs hauts responsables européens, Allemands en tête, ont appelé vendredi Washington à ne pas menacer la cohésion européenne et à se méfier de Moscou.
Ses déclarations interviennent à la veille d’un discours attendu du vice-président Mike Pence sur le sujet, et en pleine tournée d’apaisement de hauts responsables américains.
"Nos amis américains savent que leur ton vis-à-vis de l’Europe et de l’Otan a un effet direct sur la cohésion de l’Europe. Une UE stable est dans l’intérêt américain", a dit la ministre.
Mme Merkel, recevant le Premier ministre canadien Justin Trudeau à Berlin, a aussi souligné que "les Etats-Unis ont développé leur puissance à travers l’Otan".
Dans la même ligne, le président polonais Andrzej Duda a lui aussi mis en garde contre une "déstabilisation de l’Europe" et jugé que remettre en cause "la relation transatlantique (…) serait irresponsable".
Autre grand thème d’inquiétude, la Russie. Là aussi Mme van der Leyen a demandé à Washington de ne pas traiter Moscou et l’Europe sur un pied d’égalité, alors que M. Trump, juste avant sa prise de fonction, louait Vladimir Poutine, prônait un rapprochement et attaquait Angela Merkel.
"Il ne peut y avoir d’équidistance entre la confiance accordée à un allié et envers ceux qui remettent en question nos valeurs, nos frontières", a-t-elle dit.
Le président ukrainien, Petro Porochenko, lui a fait écho, en estimant que "ce serait une erreur de croire que l’appétit de la Russie se limite à l’Ukraine".
Dans ce contexte, le secrétaire d’Etat américain à la Défense James Mattis s’est efforcé de rassurer, lui qui tempère régulièrement les propos de son chef.
Il a ainsi insisté sur l’importance de la relation transatlantique, "meilleur rempart contre l’instabilité" et appelé à "renforcer les partenariats".
"Je sais qu’il y a une profonde inquiétude que les Etats-Unis sont en train d’abandonner l’étendard du leadership, ce n’est pas le message que vous entendrez des dirigeants américains qui viennent ici", a aussi insisté le sénateur républicain John McCain.
L’élu américain a admis qu’il y avait du "désordre" dans l’administration Trump, comme l’a illustré la démission du conseiller à la sécurité de Donald Trump pour avoir menti sur ses liens avec Moscou.
Mais M. McCain, qui a été la cible de virulentes critiques du locataire de la Maison Blanche, a aussi appelé à faire plus attention à ce "que le président fait qu’à ce qu’il dit".
Il a reçu le soutien du ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson: "donnez une chance à Donald Trump. Oui, c’est une nouvelle manière de gouverner, mais ne sous-estimez pas la capacité à obtenir des résultats".