Thé amer – La CAN 2025 ou la trêve des confiseurs

C’est l’histoire d’un ballon rond, d’une coupe continentale et d’un peuple qui vibre à l’unisson vêtu de rouge et vert. L’histoire d’une CAN, la 25ème du nom, prodigieuse parce qu’elle fait tout oublier.

Oubliés les ministres plus instagrameurs que ministres, le personnel politique qui se donne en spectacle dans un mauvais show, l’école publique qui n’est pas celle de la deuxième chance ou l’hôpital où on peut encore mourir en donnant la vie. Oubliés aussi le chef de gouvernement qui pense réellement, sincèrement, foncièrement que c’est le meilleur Premier ministre de tous les temps , Fatim Zahra Ammor aussi  qui ne jure que par ses chiffres sur les entrées de touristes au Maroc et autres nuitées, Abdellatif Ouahbi et ses sorties de route  pour faire, « zaama », moderniste, progressiste et en bataille contre les barbus, Ouzzine enfin  et  sa  « karata » (grattoir) pour aller en guerre contre une certaine presse .

Oui, seule la magie du football a cet effet amnésique et surtout de bonheur enivrant pour faire tout oublier, faire appuyer sur le bouton pause sur tout ce qui ne va pas et ne passe pas, et mettre en mode arrêt protestations et revendications.

Le football, a-t-on coutume de dire, est l’opium du peuple. L’expression est usée jusqu’à la corde mais ne perd pas une once de vérité. A chaque grande compétition footballistique mondiale, elle est calée entre deux commentaires sportifs pour expliquer que « le foot est un outil de divertissement de masse qui détourne l’attention, le temps d’une coupe, des enjeux politiques et socio-économiques ».

Alors, le temps d’une coupe d’Afrique des Nations qu’accueille le Maroc et à l’organisation quasi-parfaite, il n’est pas question de gâcher la fête, semblent dire ces 40 millions de supporters de l’équipe nationale. On règlera nos comptes plus tard. Les immeubles qui s’effondrent à Fès et leurs victimes, les inondations de Safi et leurs morts, la cherté de la vie, le pouvoir d’achat qui s’effondre, tous ces sujets qui fâchent, on en parlera plus tard.

La CAN 2025, c’est un peu notre trêve des confiseurs à nous. Même les réseaux sociaux s’y sont mis, avec pléthore de postes dédiés à la CAN, l’équipe nationale et quelques flèches décochées au coach Regragui avant le match contre la Zambie. Résultat, les amateurs de trash et de fake news sont priés de tiktoker, youtuber, intagramer, bref de reconnecter après la finale du 18 janvier 2026 !

Les 40 millions de « 12è Homme » (il faudra penser à genrer l’expression vu que les Marocaines sont nombreuses sur les gradins) n’ont d’yeux que pour les 9 stades rénovés qui accueillent les matchs à Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir et Fès.

Des Marocains et Marocaines emplis de fierté de voir que les dernières pluies torrentielles n’ont arrêté aucun match de la CAN 2025. Grâce en soit rendue au système SubAir, une technologie de drainage et d’aération capable d’absorber rapidement l’eau et de préserver la qualité des pelouses. Peut-être faudrait-il le transposer ailleurs pour que les inondations et les crues n’emportent pas tout avec elles. Mais chut, on avait dit qu’on règlerait nos comptes après la CAN !

 

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