La controverse sur la ratification en souffrance de l’accord entre le Marché commun du sud (Mercosur) et l’Union Européenne (UE) sera présente en toile de fond du sommet, qui se tient à partir de ce lundi à Bruxelles, entre l’UE et la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (Celac).
Ce sommet, le troisième du genre, se tient après huit ans de suspension, pour relancer le dialogue entre les deux régions sur des questions cruciales comme l’énergie, l’environnement et le développement durable.
Trente-trois chefs d’État et de gouvernement de la Celac ont annoncé leur participation au sommet de Bruxelles comme un gage de bonne foi pour jeter à nouveau les bases d’un dialogue fructueux avec les 27.
Il est vrai que l’accord Mercosur-UE ne figure pas à l’ordre du jour officiel du sommet, mais ce sujet va être le thermomètre qui permettra aux latino-américains de mesurer la sincérité des professions de foi des européens sur l’approfondissement des relations avec le sous-continent américain.
Des sources gouvernementales argentines ont reproché aux instances de l’UE d’avoir tardé presque quatre ans (de la mi-2019 jusqu’à fin février 2023) avant de rédiger et envoyer le document additionnel sur l’environnement. Au même moment, trois pays du Mercosur (Argentine, Uruguay et Paraguay) ont immédiatement réagi, alors que le Brésil, qui vient d’avoir un nouveau président en janvier, a demandé un délai pour donner son évaluation.
L’Argentine, qui présidait aux destinées de la Celac jusqu’au mois de janvier dernier, continue de plaider pour un accord « équilibré » qui puisse être bénéfique pour les deux blocs.
Son président avait reçu en juin dernier la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, pour baliser le terrain à un accord rapide entre le Mercosur et l’UE, en mettant un focus particulier sur la création de chaînes de valeur bi-régionales, la transition énergétique et le rôle des petites et moyennes entreprises.
A Bruxelles, les 27 mettent en avant leurs efforts d’investissement en infrastructures inscrits dans le cadre de la Stratégie Globale Gateway pour 10 milliards de dollars, mais leur message musclé sur les clauses environnementales a été perçu de l’autre côté de l’Atlantique comme une menace à laquelle les pays de la région refusent de se soumettre au risque de compromettre leurs politiques de développement.
Ces pays épinglent en particulier la position de la France qui rejette la ratification en l’état de l’accord Mercosur-UE, estimant qu’il s’agit d’une position « extrêmement exigeante » à l’égard des pays de la région.
L’UE rejette notamment l’importation des produits agricoles en provenance des zones de déforestation en Amérique du sud et impose une réduction de 50% de l’utilisation des pesticides et des fertilisants dans un délai de six ans.