La Pologne confiera aux États-Unis la construction de six réacteurs nucléaires
Selon le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, cité par l’agence de presse polonaise PAP, les négociations avec les États-Unis sont ‘’très avancées’’, précisant que le premier réacteur sera mis en service en 2033 et aura une capacité d’environ 1,6 gigawatts (GW).
Le partenariat américano-polonais porte sur la création d’entreprises et de technologies spécifiques, ainsi que sur la manière d’accélérer le développement de l’énergie nucléaire en Pologne.
Selon des journaux polonais, le conflit en Ukraine et les sanctions imposées par l’Union Européenne sur les produits énergétiques russes amènent les autorités polonaises à réfléchir aux énergies de substitution. Jusqu’à présent la Pologne utilisait l’énergie fossile pour satisfaire une partie de ses besoins, mais les sanctions contre la Russie sur le charbon risquent fort de provoquer une pénurie dès cet hiver.
Outre la guerre en Ukraine pour en finir avec l’énergie russe, la Pologne opte en faveur du nucléaire pour remplacer l’énergie fossile polluant et remplir ses engagements européens en matière de réduction des émissions Carbonne.
D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en 2020, les énergies fossiles ont compté pour 88% de la consommation d’énergie primaire de la Pologne, dont 40,6% pour le seul charbon. La part du charbon dans la production nationale d’électricité a même avoisiné 80% en 2021 avec le rebond économique post-Covid. La Pologne est ainsi le pays au sein des 31 membres de l’AIE où le charbon occupe la place la plus importante dans les mix énergétique et électrique. Varsovie est le 2ème producteur européen de charbon, après l’Allemagne et le 10ème au niveau mondial.
Lors du sommet mondial sur le Climat à Paris, la Pologne s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 30% d’ici à 2030 et qu’en 2040 les besoins en chaleur de tous les ménages seront couverts par le chauffage du système et par des sources individuelles à émission nulle ou faible.
‘’La réduction de l’utilisation du charbon dans l’économie se fera de manière à garantir une transition juste’’, a souligné la ministre polonaise du climat, Anna Moskowa dans une déclaration à la presse, précisant qu’en 2030, la part des sources d’énergie renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie sera d’au moins 23%. Cet objectif, a-t-elle ajouté, reposera principalement sur le développement de l’énergie éolienne offshore, dont la capacité installée devrait atteindre environ 5,9 GW en 2030 et jusqu’à environ 11 GW en 2040.
Le recours à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques en Pologne contribuera à la réduction des émissions de CO2, au développement social et à l’augmentation de la sécurité énergétique du pays, selon Anna Moskowa, qui insiste sur la priorité de la Pologne, à savoir la fin de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, suite au conflit en Ukraine.
L’ambassadeur américain à Varsovie, Mark Brzezinki a remis récemment aux autorités polonaises une feuille de route détaillée sur l’offre de Washington portant sur la construction et le cofinancement des six réacteurs nucléaires contenus dans le programme de ‘’politique énergétique de la Pologne à l’horizon 2040’’, a-t-elle indiqué.
La Pologne tout comme les autres membres du groupe Visgrad (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie) sont actuellement les plus fervents partisans de l’énergie nucléaire, suite à la guerre russo-ukrainienne. Le groupe, qui dépend de l’énergie russe, entend aussi se conformer aux sanctions imposées par Bruxelles sur les produits énergétiques en provenance de Moscou.