Covid-19: la situation dans les maisons de retraite se dégrade (Ehpad privés)
La situation épidémique dans les maisons de retraite « continue de se dégrader », et les « quatre à six semaines à venir vont être difficiles », a prévenu mardi le principal syndicat des établissements privés, qui s’alarme en outre de graves problèmes d’effectifs.
« La situation se tend depuis le 20 octobre », avec une multiplication des clusters et une « accélération des décès » depuis la semaine du 26 octobre, a souligné Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa.
Selon les dernières données publiées lundi par Santé Publique France, le nombre moyen de décès par jour dans les établissements médico-sociaux (c’est-à-dire surtout les Ehpad) a connu une « forte augmentation » depuis mi-octobre: alors qu’il se maintenait sous les 5 décès par jour de juin à août, cet indicateur a atteint 74 décès par jour en établissements et 36 à l’hôpital lors de la semaine du 26 octobre au 1er novembre.
Malgré ces chiffres alarmants, la situation est encore « maîtrisée », a tempéré Mme Arnaiz-Maumé, notamment car les établissements sont désormais bien dotés en équipements de protection – contrairement à ce qui s’était passé lors de la première vague de l’épidémie.
Par ailleurs, la prise en charge médicale des malades du Covid-19 s’est améliorée, selon elle: les hospitalisations sont moins souvent nécessaires, et lorsqu’elles le sont, elles sont plus aisées à mettre en oeuvre qu’en mars/avril, grâce à une réorganisation des services de gériatrie, a-t-elle souligné.
L’autre grande différence avec la première vague est que les établissements peuvent désormais largement et régulièrement tester les résidents et le personnel, a observé Mme Arnaiz-Maumé – d’autant qu’aux tests PCR se sont récemment ajoutés les tests antigéniques, qui permettent un résultat très rapide.
Face à l' »accélération » notable de l’épidémie, la principale difficulté à laquelle est confrontée le secteur du grand âge est celle d’un manque d’effectifs, a pointé Mme Arnaiz-Maumé.
« Nous sommes en tension maximale, et nous n’avons pas de solution », a-t-elle résumé. Dans un secteur qui peinait déjà à recruter avant la pandémie, l’une des difficultés est que les soignants, même asymptomatiques, doivent être placés à l’isolement et cesser le travail pendant une semaine dès qu’ils sont testés positifs.
Face à la pénurie de professionnels, le gouvernement a demandé fin octobre aux préfets de lancer une « campagne de recrutement d’urgence » dans le secteur du grand âge.
Cependant selon le Synerpa, la solution devra aussi passer par une réforme de la formation. Plutôt que de chercher désespérément des aide-soignants, il faudrait former, selon ce syndicat professionnel, des « accompagnants en gérontologie », un nouveau métier qui serait « plus orienté sur le +prendre soin+ que sur le +soin+ ».