Turquie: démission du ministre de l’Intérieur critiqué pour sa gestion du confinement
Le puissant ministre turc de l’Intérieur a présenté dimanche sa démission après avoir essuyé de vives critiques sur sa gestion d’un confinement mis en place pour enrayer la propagation du nouveau coronavirus.
« Que ma nation, à laquelle jamais je n’ai voulu nuire, et notre président, à qui je serai fidèle toute ma vie, me pardonnent. Je quitte la fonction de ministre de l’Intérieur que j’ai eu l’honneur de remplir », a déclaré Süleyman Soylu dans un communiqué.
Vendredi soir, le ministère de l’Intérieur avait pris des millions de Turcs de court en annonçant l’entrée en vigueur deux heures plus tard d’une interdiction de sortir pendant 48 heures dans les 30 plus grandes villes du pays.
Cette annonce au dernier moment a eu pour effet immédiat d’inciter des milliers de Turcs paniqués à se précipiter dans les commerces pour faire des provisions, sans tenir compte des règles de distanciation sociale.
De nombreux opposants et internautes avaient dans la foulée critiqué le gouvernement pour la manière dont ce confinement a été mis en oeuvre, accusant les autorités d’avoir mis en danger la vie de milliers de personnes.
S’exprimant après les scènes de chaos vendredi soir, M. Soylu avait souligné que la mise en place du confinement s’était déroulée dans le cadre des « instructions de notre président », Recep Tayyip Erdogan.
Dimanche, M. Soylu a cette fois endossé l' »entière responsabilité de la mise en oeuvre de cette mesure ».
« Il s’agissait d’une mesure prise de bonne foi, visant à ralentir autant que possible la propagation de l’épidémie pendant le week-end », a-t-il ajouté.
Le confinement, qui prendra fin dimanche à minuit (21H00 GMT samedi), a été mis en place alors que l’épidémie de Covid-19 s’est accélérée en Turquie ces derniers jours.
Près de 57.000 personnes ont été infectées et environ 1.200 personnes sont mortes, selon le dernier bilan officiel publié dimanche par le ministère de la Santé.
M. Soylu, âgé de 50 ans, avait pris ses fonctions de ministre de l’Intérieur en août 2016, un mois après une sanglante tentative de coup d’Etat visant à renverser M. Erdogan.
A ce titre, M. Soylu, réputé pour sa poigne et sa rhétorique brutale, a piloté les purges massives qui ont été lancées après le putsch avorté.
Dans le cadre de cette répression, plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les putschistes, mais aussi des opposants pro-kurdes et des journalistes critiques, ont été arrêtées.