Partout dans le monde, depuis le début de la pandémie de coronavirus, les prisons sont devenues de dangereux foyers d’infection, en raison notamment de la promiscuité entre détenus. A Chicago, une prison enregistre un taux de contamination plus de 30 fois supérieur à celui de l’ensemble de la région.
Ce sont 276 détenus et 172 agents des services du shérif du comté de Cook, en charge de ce centre de détention, qui y ont été diagnostiqués positifs au Covid-19. Des chiffres bien en deçà du vrai nombre de malades, en raison du peu de tests effectués.
Un des prisonniers est même mort de la maladie.
Devant la gravité de la situation, des avocats ont demandé devant un tribunal la libération ou le transfert des plus vieux ou fragiles des 4.500 détenus.
Une demande rejetée jeudi par un juge, qui a demandé à l’établissement d’implanter de nouvelles mesures sanitaires pour lutter contre la propagation du virus: du savon et du désinfectant pour tout le monde, et des masques pour les prisonniers malades en quarantaine.
Dans l’ensemble du comté, a-t-il noté, le taux d’infection est de 1,56 sur 1.000. Dans la prison, il est de 50 sur 1.000.
« Considéré innocent »
Le shérif Tom Dart a déjà libéré des centaines de détenus incarcérés pour des infractions non violentes. Les familles des victimes ne peuvent plus leur rendre visite, tout comme les aumôniers.
La victime du Covid-19 dans son établissement était un multirécidiviste de 59 ans.
Sa libération avait été demandée en urgence devant un tribunal le 26 mars, quatre jours avant son hospitalisation, mais elle ne lui avait pas été accordée.
Incarcéré en juillet 2018 et poursuivi dans des affaires de drogue et de détention d’arme, il n’avait pas encore été jugé et n’avait pas pu payer la caution nécessaire (5.000 dollars) pour être libéré avant son procès.
« Il était et sera donc toujours considéré innocent » des derniers faits qui lui étaient reprochés, a rappelé une avocate militante de Chicago, Amy Campanelli.
Les nouveaux arrivants sont maintenant isolés pendant une semaine avant de rejoindre le reste des prisonniers.
Cela n’a pas suffi à ralentir la propagation du virus, tout comme le passage aux cellules individuelles et les mesures de distanciation physique mises en place.
Une situation qui inquiète également le personnel pénitentiaire.
« Nous sommes 150 à avoir été testés positif et tout le monde veut libérer les prisonniers. Ils sont libérés mais nous, on doit rester ! » s’est plaint, sous couvert d’anonymat, un agent du shérif qui travaille dans cette prison depuis neuf ans.
Le personnel a dû attendre deux semaines après l’identification des premiers cas pour recevoir du matériel de protection, ajoute cette source.
« Transmettre le virus à ma famille est ma plus grande peur. Je n’ai nul part pour m’isoler de ma famille, sauf si je dors dans la voiture », explique cet homme.
Un porte-parole du bureau du shérif a fermement nié ces accusations de manque de préparation et a ajouté que le personnel qui était maintenant en première ligne dans la lutte contre le virus pouvait se faire tester dans la prison.