La Libye a dû se résoudre à diminuer son budget de quasiment un tiers, en raison du « double choc » que constituent le blocage de la production de pétrole et la chute des prix du baril, a indiqué jeudi son ministre de l’Economie.
« Nous faisons face à un double choc: le blocus pétrolier et la chute des prix, accentuée par le nouveau coronavirus », a déclaré Ali al-Issaoui à l’AFP jeudi soir, en marge d’une rencontre avec l’agence de coopération technique française Expertise France.
Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli (ouest) et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’est du pays. Ces dernières semaines, des groupes pro-Haftar bloquent la plupart des sites et terminaux pétroliers.
Le budget 2020, « ambitieux », avait été fixé à environ 55 milliards de dinars (35 milliards euros), « mais nous avons dû le réduire à environ 38 milliards de dinars » (24,5 milliards d’euros), a souligné le ministre de l’Economie du GNA.
« Cela touche de plein fouet les services publics et l’investissement: les nouvelles écoles, nouveaux hôpitaux, les investissements pour moderniser les infrastructures pétrolières seront repoussés », a-t-il déploré.
Le gouvernement, qui tablait sur plus de 6% de croissance, devra revoir ce chiffre à la baisse, a-t-il souligné, sans évoquer de chiffre.
Bien qu’elle soit l’un des rares pays à n’avoir connu aucun cas confirmé de Covid-19, la pandémie « a indirectement touché la Libye: la chute des prix, en raison de la baisse de la demande de la Chine, a un effet significatif sur l’économie ».
Pour le gouvernement, la priorité est « de trouver d’autres moyens que le budget de l’Etat pour financer l’économie », a-t-il souligné.
Il a évoqué le lancement cette année des premières obligations libyennes, sous forme de sukuks, obligations compatibles avec la loi islamique, avec l’appui technique du FMI et de la Banque mondiale.