Le prix de l’ail a flambé ces derniers jours en Tunisie, après une ruée des consommateurs vers ce condiment aux vertus antimicrobiennes dans l’espoir qu’il aide à se protéger de la propagation du nouveau coronavirus.
En Tunisie, le premier cas enregistré le 2 mars était un homme revenant par la mer d’Italie.
Au marché central de Tunis et dans de nombreuses grandes surfaces, le prix de l’ail flirtait mercredi avec les 20 à 25 dinars le kilo, ont constaté des journalistes de l’AFP –soit quasiment 7 à 9 euros, dans un pays où le salaire mensuel moyen est en deçà de 600 dinars (200 euros).
L’ail est habituellement utilisé pour renforcer l’immunité ou atténuer les effets de la grippe, qui a des symptômes similaires à ceux du nouveau coronavirus, élevé au rang de pandémie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Mais des publications en ligne plus ou moins sérieuses se sont multipliées laissant entendre -à tort- que cela pouvait protéger contre le virus. Une photo ironique montrait ainsi un plat d’ail avec la légende « Antidote au corona », tandis que des internautes conseillent en thérapie préventive « de l’ail rouge mâle en infusion ».
« Cette ruée non justifiée a fait grimper les prix », déplore Yasser Ben Khalifa, directeur de la concurrence au ministère du Commerce, évoquant des difficultés à s’approvisionner sur le marché mondial. « Les prix en ce moment devraient être à 12 ou 13 dinars », explique-t-il à l’AFP, tout en tablant sur une nette baisse des prix dès le début de la récolte tunisienne en avril.
Khames Nabli, épicier dans la banlieue sud de la capitale, a renoncé à en vendre: le prix en gros a tellement grimpé ces dernières semaines qu’il ne s’y retrouvait plus. « Avant, j’achetais 5 kg à 8 dinars le kilo et je les vendais à 12, maintenant je ne peux plus en acheter tellement les prix ont augmenté », explique-t-il.
Il s’est donc contenté de quelques têtes « pour la consommation personnelle ».
Face à la multiplication des rumeurs sur les vertus thérapeutiques de l’ail, l’OMS a publié un démenti sur sa page consacrée aux faux remèdes.
« L’ail est un aliment sain qui peut avoir certaines propriétés antimicrobiennes », reconnaît l’OMS. « Cependant, rien ne prouve, dans le cadre de l’épidémie actuelle, que la consommation d’ail protège les gens contre le nouveau coronavirus. »
A ce jour, six personnes, la plupart en provenance d’Italie, ont été diagnostiquées malades en Tunisie. Un septième cas a pris l’avion pour retourner en France en dépit des consignes des autorités.