Retraites: poursuite du blocage et des invectives à l’Assemblée nationale
Le quasi-blocage de l’examen de la réforme des retraites se poursuit dans une ambiance chaotique jeudi à l’Assemblée nationale, entre bataille de procédure conduite par les communistes, et noms d’oiseaux fusant dans l’hémicycle.
Un vif échange a opposé l’insoumise Clémentine Autain à Meyer Habib (UDI-Agir), après un tweet du député qualifiant de « petites connes » des élues de la gauche de la gauche ayant participé à la chorégraphie à succès « A cause de Macron », lundi soir, aux abords du palais Bourbon.
« #ACauseDesPetitesConnes. Après la tête Macron sur une pique, parodie de lynchage d’Emmanuel Macron (…) Esther Benbassa, Clémentine Autain, Elsa Faucillon indignes de porter l’écharpe », a tweeté le député. Il a maintenu son expression « à cause des petites connes » dans l’hémicycle, accusant les élues d' »attiser la haine ».
Mme Autain a dénoncé des propos « sexistes et insultants », plaidant que la contestation peut se faire « dans la joie et la bonne humeur ». Elle a été appuyée notamment par Marie-George Buffet (PCF) qui a tancé des « propos vulgaires » d’un député n’acceptant « pas que des femmes se lèvent pour dire ce qu’elles pensent ».
Dans le brouhaha, des élus LR ont plaidé pour que le fonctionnement de l’Assemblée ne soit pas bloqué « par une partie de ping-pong ». « On va pas aller de tweet en tweet », a lancé Eric Woerth (LR).
Peu après, Mathilde Panot (LFI) a demandé en conférence des présidents de l’Assemblée une sanction contre M. Habib. Le titulaire du perchoir Richard Ferrand (LREM) a répondu qu’il allait se pencher sur cet incident, a-t-on appris de source parlementaire.
Dans l’hémicycle, les députés PCF se sont à nouveau élevés contre la disparition d’un millier de leurs amendements qui avaient le même objet, « fait inédit sous la Ve République » selon eux. Ces amendements devaient tomber une fois le premier rejeté.
« Nous sommes le seul groupe à subir cette forme de maccarthysme », a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, ciblant M. Ferrand.
Les communistes, mais aussi les insoumis, tentent désormais une nouvelle stratégie, multipliant les sous-amendements sur chaque amendement déposé.
« Si nous sous-amendons de cette manière, c’est parce que le président Ferrand a délibérément décidé de supprimer 1.184 amendements déposés par les députés communistes », a expliqué M. Roussel, demandant la réparation de « cette ignominie ».
« Il n’y a plus aucun doute sur la volonté d’un certain nombre de groupes d’opposition de ne pas avoir un vrai débat de fond », a affirmé Gilles Le Gendre (LREM) lors d’une conférence de presse, évoquant « 700.000 sous-amendements » annoncés par LFI. Ils veulent « paralyser notre institution ».
En début d’après-midi en conférence des présidents, M. Ferrand a décidé de ne plus appliquer la règle contestée sur les amendements ayant le même objet. « Il convient qu’aucun prétexte d’obstruction ne subsiste ni ne porte atteinte à la dignité des débats », a-t-il prévenu, selon des propos rapportés.