Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a succédé en décembre à Abdelaziz Bouteflika, chassé par la rue, réclame du temps pour opérer le « changement radical » promis en matière de fonctionnement de l’Etat, dans un entretien au quotidien français Le Figaro publié jeudi.
C’est la première interview accordée à un média étranger par M. Tebboune depuis son élection le 12 décembre, lors d’une présidentielle refusée par le « Hirak » -le « mouvement » populaire inédit de contestation qui agite l’Algérie depuis un an- et marquée par une abstention record (60%).
« On ne peut pas réformer, réparer, restaurer ce qui a été détruit pendant une décennie en deux mois », explique au Figaro M. Tebboune, plusieurs fois ministre et Premier ministre -en 2017- durant les 20 ans de présidence de M. Bouteflika.
Les manifestations continuent de drainer chaque semaine une foule nombreuse réclamant toujours le démantèlement du « système » qui dirige l’Algérie depuis son indépendance en 1962 et dont le chef de l’Etat est perçu comme un pur produit.
Mais M. Tebboune se défend d’être -comme l’ont été tous ses prédécesseurs- un président choisi par l’état-major de l’armée, pilier du régime: « Je ne me sens redevable qu’envers le peuple qui m’a élu en toute liberté et transparence. L’armée a soutenu et accompagné le processus électoral, mais n’a jamais déterminé qui allait être le président », dit-il.
M. Tebboune est considéré comme un proche du général Ahmed Gaïd Salah, puissant chef d’état-major de l’armée durant 15 ans jusqu’à son décès en décembre. Ce dernier a exercé le pouvoir de fait entre le démission de M. Bouteflika, le 2 avril 2019, et l’élection de M. Tebboune.