Une étude observe des effets similaires chez les souris entre le bisphénol A et son remplaçant
Une étude sur des souris conclut que le bisphénol S a les mêmes effets de perturbateur endocrinien sur le placenta que la substance qu’elle remplace, le bisphénol A, interdit depuis 2011 en Europe dans les biberons.
L’expérience a été publiée lundi dans la revue scientifique américaine PNAS, et compare trois groupes de souris à qui les chercheurs ont fait ingérer pendant deux semaines de faibles doses de bisphénol A (BPA), de bisphénol S (BPS), et de nourriture sans l’un ni l’autre.
Puis les chercheurs ont fait féconder les souris, et ont observé les effets sur leur placenta à mi-grossesse.
Résultat: les changements de forme du placenta étaient similaires chez les souris BPA et BPS, explique Cheryl Rosenfeld, professeure de sciences biomédicales à l’université du Missouri.
En outre, les expressions de 13 gènes étaient modifiées.
Et troisièmement, les régimes BPA et BPS ont chacun provoqué une réduction de la production d’une hormone importante dans le développement du cerveau du foetus, la sérotonine, ainsi qu’une augmentation de la production de dopamine.
« Notre inquiétude est que ces changements dans le cerveau et dans le comportement futur soient dus au fait que le placenta ne produise pas des niveaux normaux de ces neurotransmetteurs », dit la chercheuse à l’AFP.
Il faudra d’autres études pour établir les conséquences réelles sur les foetus exposés au bisphénol S.
Mais cette étude sur le placenta des souris illustre selon la scientifique qu' »il ne faut pas juste s’intéresser au BPA, il faut examiner tous les produits de substitution ».
« Moi je crois que tous les substituts sont aussi mauvais que le BPA », dit Cheryl Rosenfeld.
Les perturbateurs endocriniens sont des composés chimiques présents dans de nombreux produits de consommation courante notamment en plastique (jouets, tickets de caisse, plastiques, peintures, vêtements, produits phytosanitaires…) qui interfèrent avec le système hormonal.
L’utilisation du BPA dans les biberons est interdite dans l’Union européenne depuis juin 2011. En Belgique, en Suède et au Danemark, son utilisation est également interdite dans les autres matériaux qui entrent en contact avec des denrées alimentaires et qui sont destinés aux nourrissons et aux enfants de moins de trois ans. En France, le BPA est interdit dans tous les emballages, conteneurs et ustensiles pour denrées alimentaires, ainsi que, depuis le 1er janvier, dans les tickets de caisse.
La France a annoncé en octobre qu’elle lancerait une procédure pour faire classer perturbateur endocrinien un autre remplaçant du BPA, le bisphénol B.