Dimanche soir, l’ultimatum lancé à Laurent Gbagbo par Nicolas Sarkozy arrive à expiration, sans changement notable en Côte d’Ivoire. Dimanche soir, Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères a, elle, brandi la menace de sanctions ciblées, indiquant, en outre, que les soldats français présents dans le pays riposteront s’ils étaient attaqués.
En Côte d’Ivoire, le week-end n’aura rien changé à la situation de crise, sauf à en accroître encore un peu plus le niveau de blocage. Vendredi, Nicolas Sarkozy avait lancé les hostilités en donnant jusqu’à dimanche soir à Laurent Gbagbo pour quitter la présidence du pays, sous peine d’avoir à subir, lui et ses proches, des sanctions de la part de la communauté internationale. Lesquelles? Dimanche soir, sur le plateau de l’émission Internationale, diffusée sur TV5 en partenariat avec RFI et Le Monde, Michèle Alliot-Marie s’est chargée d’en rappeler la teneur. Comme négocié au niveau européen, la ministre française des Affaires étrangères a ainsi parlé interdictions de voyage, de gel de ses avoirs ou encore d’un retrait de la signature sur les comptes du pays.
"Droit de légitime défense" pour les soldats français
Autant de mesures de rétorsion qui n’effraient pas le président ivoirien légitimé par le conseil constitutionnel de son pays, une institution à sa botte. Samedi, Laurent Gbagbo a en effet enjoint les 10.000 casques bleus de l’Onuci à quitter la Côte d’Ivoire, ainsi que les quelque 900 soldats français, membres du dispositif Licorne. La réponse Ban Ki-moon, ne s’est pas fait attendre. Pour le secrétaire général des Nations Unies, loin de lever le camp, il est essentiel que "l’Onuci accomplisse son mandat et continue de surveiller et de rassembler les preuves concernant toute violation des droits de l’homme, incitation à la haine et à la violence ou attaque sur les casques bleus de l’ONU". Sans compter que lundi, le Conseil de sécurité de l’organisation internationale doit discuter du renouvellement du mandat actuel de l’Onuci, qui expire le 31 décembre.
De son côté, Michèle Alliot-Marie a, elle, mis les choses au point concernant les militaires français. "Ils ne sont pas là pour s’interposer entre les Ivoiriens", a-t-elle expliqué. Toutefois, a ajouté la patronne du Quai d’Orsay, "s’ils étaient directement attaqués, (…) il y aurait un droit de légitime défense". Egalement invitée dimanche soir sur un plateau de télévision, celui de LCI en l’occurrence, Marine Le Pen a, elle, jeté un regard critique sur la stratégie élyséenne. "Je juge avec assez de sévérité la précipitation avec laquelle le président de la République a pris position", a déclaré la vice-président du FN, en revenant sur l’ultimatum lancé à Laurent Gbagbo par Nicolas Sarkozy. "Nous avons 15.000 expatriés qui sont en Côte d’Ivoire et 900 soldats, il m’apparaît dangereux d’avoir ainsi pris assez brutalement cette position", a-t-elle ajouté.
Et signe qu’il n’y a pas qu’en Côte d’Ivoire que la tension monte, à Paris, une manifestation de plusieurs centaines d’Ivoiriens pro-Gbagbo a dégénéré, dimanche, autour de la place de la République. Au cours d’affrontements avec des partisans d’Alassane Ouattara venus sur place, plusieurs personnes ont été blessées, "dont deux un peu plus que les autres", a fait savoir la préfecture de police de Paris.