L’Autorité palestinienne rejette la proposition de Netanyahou de reconnaître Israël comme un « État juif »
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’est engagé, lundi, à demander à son gouvernement un nouveau gel sur la colonisation en Cisjordanie à condition que les Palestiniens reconnaissent Israël comme "l’État-nation du peuple juif". "Si la direction palestinienne dit sans ambiguïté à son peuple qu’elle reconnaît Israël comme l’État-nation du peuple juif, je serai prêt à réunir mon gouvernement pour demander un nouveau moratoire sur la construction" dans les colonies juives de Cisjordanie occupée, a déclaré Benyamin Netanyahou à l’ouverture de la session d’hiver du Parlement.
Un refus catégorique
"J’ai déjà transmis ce message via des canaux discrets et maintenant je le dis en public", a précisé M. Netanyahou lors d’un discours retransmis en direct à la télévision à l’ouverture de la session parlementaire. Il a assuré ne pas faire de cette question "une condition aux pourparlers", mais estimé qu’il s’agirait d’une "mesure d’établissement de la confiance" envers la population israélienne, qui témoignerait de la sincérité de la volonté de paix des Palestiniens. Cette question n’a pas de rapport avec le processus de paix ni avec les obligations qu’Israël n’a pas remplies. Nous la rejetons aussi bien en bloc que dans le détail", a immédiatement rétorqué le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat.
Les Palestiniens ont rejeté à plusieurs reprises l’exigence de Benyamin Netanyahou portant sur le caractère juif de l’État, arguant qu’ils reconnaissent déjà Israël, qui n’avait jusqu’alors jamais posé cette condition à l’établissement de relations diplomatiques avec d’autres pays, y compris avec les États arabes signataires d’un traité de paix avec Israël. Ils y voient également une négation du droit au retour des réfugiés palestiniens chassés de leur terre lors de la création d’Israël en 1948.
Cette revendication israélienne est apparue récemment dans les négociations de paix, sous Ehud Olmert, le prédécesseur de Benyamin Netanyahou, qui en a fait une des clauses fondamentales d’un éventuel accord avec les Palestiniens. L’État hébreu n’avait jusqu’alors jamais posé cette condition à l’établissement de relations diplomatiques avec d’autres pays, y compris avec les États arabes signataires auxquels il est lié par un traité de paix.
Abbas sollicite l’intervention internationale
Israël est sous intense pression internationale, en particulier américaine, pour consentir à renouveler le moratoire sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie qui a expiré le 26 septembre, faute de quoi le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a prévenu qu’il ne continuerait pas les négociations. Les Palestiniens affirment que la poursuite de la colonisation préjuge du résultat des pourparlers et compromet la viabilité de leur futur État.
La Ligue arabe a avalisé, vendredi, la position de Mahmoud Abbas, mais accordé un délai d’un mois aux États-Unis pour lever cet obstacle aux négociations de paix directes lancées le 2 septembre à Washington. Mahmoud Abbas a déclaré aux dirigeants arabes réunis à Syrte (Libye) qu’Israël avait "abrogé de fait les accords d’Oslo" de 1993 sur l’autonomie palestinienne, a dit Saëb Erakat, confirmant que le président palestinien avait présenté des alternatives aux négociations directes avec Israël.
Mahmoud Abbas a exposé plusieurs options : demander à Washington de reconnaître un État palestinien dans les frontières de 1967, porter la question devant le Conseil de sécurité de l’ONU, ou demander à l’Assemblée générale de l’ONU le placement des territoires occupés sous tutelle internationale.