La mobilisation massive, entamée jeudi, se poursuit contre le "système universel" de retraite voulu par le président Emmanuel Macron. La SNCF, opérateur du rail, indique assurer "entre 15% à 20%" de son trafic habituel, avec un trafic international "très perturbé".
La RATP (métro parisien) faisait état de son côté d’un trafic "extrêmement perturbé", avec neuf lignes de métro sur seize fermées lundi et une circulation extrêmement réduite pour six autres. Sept des 25 "centres bus" de la RATP étaient de plus bloqués lundi matin par des grévistes.
En conséquence, de nombreux usagers se sont résolus à prendre le volant: près de 550 kilomètres de bouchons étaient enregistrés lundi autour de 07H40 sur les routes de la région parisienne, selon le site d’information routière Sytadin.
La situation est telle que la SNCF a recommandé d’éviter les gares où "un risque de saturation" peut s’avérer dangereux pour les usagers.
Les perspectives ne sont pas meilleures pour mardi compte tenu de la deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle, à l’appel notamment de l’intersyndicale.
– Par où la sortie ? –
Sous pression après un jeudi de mobilisation qui a jeté dans la rue plus de 800.000 manifestants, l’exécutif doit lever le voile sur une réforme des retraites encore floue.
Le gouvernement défend un "système universel" par points censé remplacer à partir de 2025, ou un peu plus tard, les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) et être "plus juste", quand ses opposants redoutent une "précarisation" des pensionnés.
Les syndicats sont une nouvelle fois reçus lundi après-midi par le gouvernement afin de "tirer les conclusions" de la concertation relancée en septembre.
Puis, mardi soir, Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe ont convié les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un dîner mardi au palais présidentiel.
Il devra permettre de caler les derniers arbitrages et de "se coordonner" avant les annonces mercredi du Premier ministre qui doit alors présenter "l’intégralité du projet" de la réforme.
Ce plan porte "une ambition de sauvetage du système social français, et pas du tout de démantèlement comme cela a pu être caricaturé", affirme l’entourage du chef de l’Etat.
"On pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel: les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment", assure Edouard Philippe.
Même détermination chez ses opposants. "Nous tiendrons jusqu’au retrait" de la réforme, dans laquelle "il n’y a rien de bon", a prévenu Philippe Martinez, le secrétaire général du syndicat CGT.
Le gouvernement va-t-il donner des gages à des opposants syndicaux ayant retrouvé des couleurs? "Je ne pense pas que ce soit avec la CGT qu’on trouvera le chemin de la sortie de ce conflit", a lâché la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne.
Le gouvernement devra en tout cas faire preuve de pédagogie pour répondre aux inquiétudes exprimées par de nombreuses professions appelées à se mobiliser à nouveau mardi. Parmi elles, les enseignants, qui craignent que leurs pensions baissent avec les nouvelles règles: pour l’éviter, le Premier ministre s’est déjà engagé à une "revalorisation progressive" de leur traitement.
L’exécutif a d’ores et déjà intégré le fait que la discussion se poursuivra au-delà de mercredi, confie-t-on à Matignon. Et la mobilisation?