L’extradition du milliardaire déchu Rafik Khalifa, un cadeau bien encombrant pour Alger
Il a fallu trois années de procédure judiciaire et d’échanges diplomatiques pour que le ministre de l’Intérieur britannique autorise l’extradition vers l’Algérie de Rafik Khalifa, ce milliardaire déchu en fuite depuis 2003.
La France a également déposé une demande d’extradition auprès de Londres mais son examen a été gelé, dans l’attente d’une décision définitive sur la demande algérienne qui prévaut sur celle de Paris.
À la fin des années 1990, l’empire Khalifa était présenté comme la nouvelle image d’un régime empêtré dans la sale guerre.
Parrainé par de puissants protecteurs, le jeune pharmacien est devenu très vite un richissime et flamboyant homme d’affaires. Banque, transport aérien, médicaments, football… tout réussit, trop vite, au jeune prodige du business algérien.
Ministres et hauts dignitaires algériens viennent quémander des privilèges auprès de lui, notamment, des «prêts» bancaires jamais remboursés et des cartes d’abonnement gratuites sur les lignes internationales de Khalifa Airways.
En 2003, l’empire Khalifa, victime des luttes claniques algéro-algérienne s’effondre comme un château de sable. Le milliardaire déchu est contraint à l’exil, voire à la fuite.
Condamné par contumace, le 22 mars 2007, à la perpétuité pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux», Khalif a été arrêté quelques jours plus tard, à Londres, suite à un mandat d’arrêt européen délivré par les autorités françaises pour «blanchiment d’argent, abus de confiance et banqueroute frauduleuse».
L’extradition de Khalifa va offrir au pouvoir algérien l’opportunité d’un procès contre la corruption, une tentative pour convaincre les Algériens de sa détermination en la matière. Mais le cadeau peut se révéler empoisonné !