Obama, objet d’une méchante rumeur d’adultère
Le président américain fait l’objet d’allégations concernant une infidélité présumée. Il aurait eu une liaison avec une jeune femme en 2004. Mais l’article sent fortement la manœuvre politique.
Les débuts de l’affaire
Les récentes révélations du magazine américain Globe, cette semaine, semblent plutôt ahurissantes. Le journal revient sur une affaire datant de 2004. A l’époque, le futur sénateur de l’Illinois Obama (élu en novembre 2004) était soupçonné d’entretenir des rapports très proches avec Vera Baker, 29 ans, une Afro-Américaine qu’il connaissait depuis l’enfance. Cette dernière l’aurait aidé, selon le journal, à amasser des millions pour mener sa campagne sénatoriale en assurant le rôle de directrice financière.
Les nouvelles «preuves»
Seulement voilà, les soupçons de l’époque semblent prendre une tournure plus concrète, puisque le magazine affirme qu’il existe une vidéo de surveillance compromettante pour le président américain. Et d’apporter le vague témoignage d’un chauffeur de l’époque. Il aurait raccompagné le président et Vera Baker en limousine «stretch» à l’Hôtel George à Washington, après un meeting électoral.
L’homme se souvient même de l’heure: vers 22 h 30. Il a déclaré au Globe: «Vera m’a prié de ne pas l’attendre, ni de la raccompagner chez elle. Il n’y a pas eu de signe qu’elle voulait quitter l’hôtel plus tard.» Cerise sur le gâteau: l’Hôtel George se trouve sur la Capitol Hill, toute proche du Capitole, le siège du Parlement américain.
Qu’importe, ne s’agit-il pas tout simplement d’une manœuvre de déstabilisation politique? Le magazine persiste pourtant. Car, en plus de la révélation de l’existence d’une vidéo, il produit un document selon lequel des ingénieurs en informatique seraient sur la piste d’e-mails compromettants entre Vera Baker et le sénateur Obama.
Les pressentiments de Michelle Obama
Le journal en profite pour surfer sur des pressentiments. Ceux d’une femme: Michelle Obama. Elle avait rapidement soupçonné Vera Baker d’exercer un charme dangereux sur son mari en 2004. Jusqu’à la faire dégager en Martinique, loin de Barack Obama. Là-bas, elle travaille pour Cape Carribean LLC, à Fort-de-France.
«L’arrivée inopinée de la jeune femme avait fait jaser. Michelle, jalouse, a tout fait pour la faire virer», commente Christopher Andersen, auteur du livre «Barack et Michelle: portrait d’un mariage américain», sorti en septembre 2009.
Une jalousie nourrie par le comportement de certaines admiratrices durant la campagne présidentielle. «Ces femmes n’hésitaient pas à glisser leur numéro de téléphone dans les poches de Barack Obama ou à se frotter contre lui dès qu’elles en avaient l’occasion, lui soufflant quelques coquines suggestions à l’oreille», raconte Christophe Andersen.
La vraisemblable attaque politique
Barack Obama semble pourtant avoir toujours su garder son sang-froid. Notamment lors de meetings et de bains de foule alors que des fans féminines cherchaient à lui caresser le derrière. «Doux Jésus, j’espère qu’elles vont me lâcher les fesses», aurait-il même soupiré à sa femme, en remontant à l’arrière de son 4 x 4 de campagne.
Alors comment expliquer ces récents crépitements sur une rumeur vieille de six ans? L’ombre d’une machination politique plane évidemment (lire encadré). Notamment parce que le récent succès d’Obama sur la réforme de la santé ne plaît pas à tout le monde.
Et ses récentes déclarations sur le monde de la finance ont aussi de quoi froisser ses adversaires républicains. A l’occasion d’un discours prononcé la semaine dernière à l’Université Cooper Union de New York, Barack Obama a défendu avec vigueur son projet de réforme bancaire. Il veut interdire aux banques de «spéculer» pour leur propre compte. Devant des dizaines de hauts dirigeants d’institutions new-yorkaises, le président américain a dénoncé «les efforts furieux des lobbyistes de la profession pour façonner cette loi d’une manière qui serve leurs intérêts propres».
Alors la une du Globe sent la manœuvre politique bon marché. D’autant que ce magazine n’en est pas à son coup d’essai dans ses rapports avec l’actuel président des Etats-Unis. En couverture, il avait déjà affirmé que l’élection de Barack Obama était illégale et qu’il était mêlé à un scandale gay.
Beau, jeune, sportif et puissant. Normal donc que le président Obama suscite les convoitises. Et visiblement pas seulement celles de ses admiratrices, mais aussi celles des observateurs et adversaires politiques. Qui fantasment tout autant au sujet de l’homme le plus important du monde.
Est-ce que ça peut avoir un impact négatif?
Ces révélations extravagantes de Globe peuvent-elles abîmer la présidence de Barack Obama? «Mais non! Globe, c’est le type de torchon qui se vend au supermarché. Ce sont eux qui sortent des scoops sur les Martiens qui atterrissent. Même sur des sites comme drudgereport.com, qui rallie les opposants de droite les plus opposés à la politique de Barack Obama, il n’y a rien. Il faut se méfier», estime David Sylvan, professeur de relations internationales et spécialiste en politique étrangère américaine à l’Institut des hautes études internationales et du développement (HEID) à Genève.
Pour son collègue Daniel Warner, politologue américain à HEID, «ces révélations sont toujours suspectes, surtout lorsqu’elles touchent une vieille affaire. C’est une énorme perte de temps, ça prend de l’énergie et bien entendu ça nuit à son pouvoir et à son autorité morale. Mais c’est une réalité des Etats-Unis, où la société s’intéresse beaucoup à la vie privée de ses politiciens. Je trouve qu’il y a des sujets plus importants.»
Un avis que partage Boris Vejdovsky, qui enseigne la littérature et la culture américaines à l’Université de Lausanne: «On appelle Barack Obama Monsieur Téflon, c’est-à-dire que tout lui glisse dessus. Mais ces affaires sont toujours nuisibles. Même s’il fait preuve de probité et qu’il n’est pas naïf, il s’agit d’une instrumentalisation à un moment donné. Je vous rappelle qu’il n’y a pas eu de scandale à caractère sexuel qui a éclaté durant sa campagne, ce qui est très rare pour les Etats-Unis. Là, il faut se demander à qui profite le crime.»
Le Matin (5uisse)