Des ossements avaient été découverts mercredi par un gendarme lors d’une promenade en forêt dans le secteur de Rosheim et Grendelbruch (Bas-Rhin), à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg.
"Les analyses ADN confiées à l’Institut national de la police scientifique (INPS) de Paris et exécutées en l’état sur certains de ces ossements humains viennent de révéler que le profil génétique féminin mis en évidence est identique au profil génétique de Sophie Le Tan", a annoncé samedi soir dans un communiqué la procureure de Strasbourg, Yolande Renzi.
Les premières constatations réalisées sur les restes humains suggéraient qu’ils pouvaient appartenir à l’étudiante. Mais le parquet de Saverne, compétent dans un premier temps pour la découverte du corps, avait appelé à "la plus grande prudence" en attendant les résultats des analyses ADN. Une autopsie avait été réalisée vendredi et des échantillons avaient été prélevés.
"Les résultats des analyses encore en cours sont attendus pour ce début de semaine", a précisé la magistrate strasbourgeoise qui tiendra une conférence de presse lundi après-midi.
"Personne ne peut se réjouir qu’on ait trouvé le corps de Sophie mais cette découverte confirme ce qu’on pressentait: M. Reiser a bien procédé au meurtre de Sophie", a réagi auprès de l’AFP l’avocat de la famille Le Tan, Me Gérard Welzer. "Les conditions dans lesquelles on a retrouvé Sophie montrent les actes monstrueux" qu’aurait commis le suspect, a-t-il ajouté.
Sophie Le Tan, une étudiante sans histoires, n’a plus donné signe de vie depuis le 7 septembre 2018, jour de son 20e anniversaire, alors qu’elle allait visiter seule un appartement à Schiltigheim, commune limitrophe de Strasbourg.
Le suspect clame son innocence
L’unique suspect, Jean-Marc Reiser, 59 ans, qui avait posté l’annonce immobilière à laquelle l’étudiante avait répondu, a été arrêté quelques jours plus tard. Déjà condamné pour viols et acquitté au bénéfice du doute pour la disparition d’une jeune femme dans les années 1980, il a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration dans cette affaire.
En dépit de traces du sang de Sophie Le Tan retrouvées chez lui, notamment sur des vêtements et une scie, le suspect avait une fois encore clamé son innocence lors de sa dernière audition, le 5 octobre, devant une juge d’instruction. Il avait affirmé qu’il aurait soigné la jeune femme, blessée à la main, avant qu’elle ne quitte son domicile.
"Il n’a pas varié du tout sa position par rapport aux charges factuelles et à son implication dans cette histoire malheureuse", a dit samedi à l’AFP Francis Metzger, un des avocats de Jean-Marc Reiser. Selon Me Metzger, "un nouvel interrogatoire" pourrait être organisé dans les prochaines semaines.
A chacune des auditions du suspect, diplômé, mais sans profession au moment de son interpellation, et décrit comme solitaire, des membres de la famille et des proches de la jeune fille se rassemblaient sur le parvis du palais de justice pour l’exhorter à révéler où était son corps.
"C’est toujours aussi douloureux car au bout d’un an, on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé et on ne sait toujours pas où est Sophie", avait confié son cousin Laurent Tran Van Mang, début septembre, quelques jours avant une marche à la lanterne et un lâcher de colombes en souvenir de l’étudiante, un an tout juste après sa disparition.
"Le travail de deuil est impossible" tant que la dépouille n’a pas été retrouvée, avait regretté Me Welzer.
Les restes de Sophie Le Tan, une brune de 1,55 m aux yeux foncés, ont été découverts sous des branchages dans une forêt où des battues avaient été organisées.
Les enquêteurs s’étaient intéressés à cette zone boisée car le téléphone de Jean-Marc Reiser y avait borné quelques jours après la disparition de l’étudiante. Fils de forestier, il connaissait bien ce massif forestier pour s’y être promené régulièrement depuis son enfance.
Les enquêteurs avaient ciblé trois secteurs à ratisser, sans succès, dans les premiers mois de l’enquête avec le concours de militaires.