L’arrestation et l’inculpation pour agression sexuelle et tentative de viol du Français aux Etats-Unis a lancé plus tôt que prévu la bataille pour sa succession.
La ministre française des Finances Christine Lagarde, dont le nom circule avec insistance, est "certainement une candidate crédible" pour le remplacer, mais "on attend de voir si (le président français Nicolas) Sarkozy la présente", a estimé mardi un diplomate européen très au fait des discussions.
Interrogée lundi soir à Bruxelles, la principale intéressée n’a pas voulu faire de commentaires, jugeant le débat prématuré.
Mais dans son entourage on n’exclut pas une candidature. Mme Lagarde évoque régulièrement son tropisme américain et les Etats-Unis comme possible terre de reconversion.
Plusieurs journaux allemands misent également sur la Française, qui a longtemps travaillé aux Etats-Unis et est appréciée dans les cercles financiers. Elle bénéficierait du soutien de Berlin, affirme le quotidien Süddeutsche Zeitung en citant une source proche du gouvernement.
"Si nous nous mettons rapidement d’accord sur Lagarde, nous avons une chance", lui a également indiqué une source européenne au Fonds monétaire international.
Néanmoins, sur les 11 patrons du FMI depuis 1946, 4 dont Dominique Strauss-Kahn étaient français, ce qui pourrait s’avérer un handicap. Et Christine Lagarde n’est pas elle-même à l’abri de démêlés judiciaires: un procureur français l’a récemment menacée d’une enquête dans un dossier lié à l’ex-homme d’affaires Bernard Tapie.
La presse allemande envisage d’autres prétendants, dont l’ancien président de la Bundesbank, Axel Weber, ou le Suisse Josef Ackermann, actuellement à la tête de la première banque allemande Deutsche Bank.
Les pays émergents et en développement risquent toutefois de ne pas l’entendre de cette oreille car ils estiment que leur tour est venu pour prendre la direction du Fonds.
Selon des diplomates, l’ancien ministre turc des Finances Kemal Dervis pourrait être un candidat de compromis.
Les Européens ne semblent toutefois pas prêts à renoncer à l’arrangement qui leur garantit le poste depuis la création du Fonds, tandis que la présidence de la Banque mondiale revient à un Américain.
Toujours menacés par la crise de la dette qui frappe les uns après les autres les pays européens les plus fragiles, ils veulent pouvoir continuer à compter sur l’appui du FMI, dont le rôle, et celui de Dominique Strauss-Kahn en particulier, s’est avéré crucial depuis un an et demi.
Pour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, "si une succession est nécessaire, les pays de l’Union européenne devraient présenter un candidat".
La chancelière allemande Angela Merkel a évoqué "de bonnes raisons pour dire que l’Europe a de bons candidats".
Et si la plupart des dirigeants européens invoquaient jusqu’ici la présomption d’innocence, deux ministres européennes des Finances ont pris leurs distances mardi avec Dominique Strauss-Kahn.
Le Français "doit lui-même réfléchir aux dommages qu’il cause à l’institution" en restant en poste, a déclaré mardi à Bruxelles l’Autrichienne Maria Fekter, en marge d’une réunion à Bruxelles.
L’Espagnole Elena Salgado a, elle, souligné la "gravité extraordinaire" des faits dont il est accusé, estimant que "la solidarité, au moins la mienne, est pour la femme qui a souffert d’une agression si cela a été le cas".