L’hôtel. Le patron du FMI – qui réside à Washington – dispose d’un appartement de fonction à New York, selon les Echos. Mais il séjourne à l’hôtel. Attendu à Berlin le dimanche pour s’entretenir avec Angela Merkel, il est là pour «affaires privées», a précisé le FMI. D’ailleurs, le Sofitel ne figure pas sur la liste des établissements défrayés par l’institution. Trop cher. Il apparaît que le Français est un habitué de cet établissement. C’était pour lui «comme un pied-à-terre»selon les informations de Libération. DSK y aurait séjourné une demi-douzaine de fois depuis un an.
Les faits. La suite des événements est surtout connue à travers le récit, relayé par la police, de la victime présumée et les quelques éléments que les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont livré lors de l’audience, lundi. Aux alentours de midi, l’employée du Sofitel, une femme de 32 ans, serait entrée dans la suite, qu’elle croyait inoccupée. «Pour faire le ménage», a confirmé l’hôtel. C’est alors que DSK serait sorti, nu, de la salle de bains. «Très vite, il se serait jeté sur elle pour l’attraper, raconte Paul J. Browne, porte-parole du NYPD, la police de New York. Il a aussitôt fermé la porte de la suite […] et l’a entraînée dans la chambre à coucher, où il a essayé de l’agresser sexuellement.» Selon Browne, elle se serait débattue, et Strauss-Kahn l’aurait entraînée dans la salle de bains : «Il l’aurait alors forcée à commettre un acte sexuel oral, ce qu’il avait tenté de faire, sans y parvenir, dans la chambre.»
L’acte d’accusation livre un récit plus cru : «L’accusé a fermé la porte […] et empêché l’informatrice [la femme de chambre, ndlr] de quitter les lieux ; a empoigné les seins de l’informatrice sans son consentement ; a essayé de retirer le collant de l’informatrice et de toucher son vagin ; a fait entrer en contact son pénis avec la bouche de l’informatrice à deux reprises ; a pu accomplir [ces] actes en utilisant la force physique.»
La femme réussit à s’enfuir et prévient les autorités de l’hôtel, qui appellent le 911, le numéro de la police. Celle-ci arrive «dans l’instant», d’après Browne, mais la chambre 2806 est vide. Les enquêteurs mettent la main sur le téléphone portable de DSK.
L’heure. L’heure de l’agression présumée est sujette à controverse. La police évoque initialement les «environs de 13 heures» : «En fait, c’était plus proche de midi», corrige lundi Paul J. Browne, interrogé par Libération. Des «inexactitudes» horaires sur lesquelles Benjamin Brafman, l’un des avocats de DSK, n’a pas manqué d’ironiser lors de l’audience.
Strauss-Kahn aurait remis les clés de sa chambre entre 12 h 28 et 12 h 38. Sur les enregistrements des caméras de surveillance, il apparaît «très pressé», selon un procureur. «S’il s’est dépêché, c’est parce qu’il avait rendez-vous pour déjeuner, et la personne avec qui il a déjeuné en témoignera», rétorque Brafman. Selon plusieurs journaux, il s’agit de sa fille Camille, étudiante à l’université de Columbia. Selon le New York Post, qui cite des sources proches de la défense, le déjeuner aurait débuté à 12 h 45.
Que se passe-t-il entre 12 h 38 et 16 h 45, heure de l’arrestation ? D’après le Monde, Strauss-Kahn téléphone à deux reprises à son épouse, Anne Sinclair. Au deuxième coup de fil, il évoque un «problème grave». Il appelle ensuite lui-même l’hôtel Sofitel, pour s’enquérir de son téléphone portable oublié. C’est ainsi que la police localise le directeur du FMI. Il est à l’aéroport John-Fitzgerald-Kennedy.
L’avion. La police évoquait dimanche «des facilités de vol», qui permettraient à DSK de monter dans n’importe quel avion Air France en première classe. Pour l’accusation, cela accrédite la thèse d’une fuite précipitée.
Son billet pour le vol AF023 à destination de Paris était en fait «réservé à l’avance», selon ses défenseurs. «Ce n’est pas quelqu’un qui s’apprêtait à monter dans un avion afin de fuir la scène d’un crime», a fait valoir Benjamin Brafman à l’audience.
A 16 h 45, la police «cueille» Dominique Strauss-Kahn à bord de l’avion, quelques minutes avant le décollage. Il est conduit à l’unité spéciale des victimes d’attaques sexuelles, au commissariat d’East-Harlem (nord de Manhattan).