Luc Ferry a beau affirmer à la foret de micros et de cameras qui se tendent vers lui qu’il est fier d’avoir jeté un pavé dans la marre, ll peine à convaincre. Tant la violence des réactions de la classe politique à son égard, la dureté de ton des éditorialistes, laissent peu de place à ce qui peut s’apparenter à un exploit dont l’auteur peut se vanter. En l’espace de quelques phrases, Luc Ferry est passé du statut du dandy philosophe intellectuel promenant sa tignasse sous les Sunlight, ayant gouté aux plaisirs de la politique à celui d’un délateur. Il a pris subitement l’apparence d’un corbeau qui lance des dénonciations codées, suffisamment floues pour ne pas lui attirer des ennuis judiciaires et assez suggestives pour susciter la plus malsaine des curiosités.
Lorsque Luc Ferry avait dégoupillé sa sortie sur les ministres pédophiles de la république qui se transportent dans des pays comme le Maroc pour commettre leur forfaits, la premier question qui était sur toutes les lèvres est la suivante: Cette démarche entre-t-elle dans une stratégie de vides-abcès qui profite de l’atmosphère installée par l’affaire DSK et celle plus tard de Georges Tron, ministre démissionnaire accusé de harcèlement sexuel? Ou s’agit-il tout simplement d’un gigantesque "Gossip" médiatique à travers lequel Luc Ferry cherchait à exister et à briller en société, lui qui semble-t-il ne s’est jamais remis de son éloignement des sphères politiques.
Ce qui est devenu l’affaire Luc Ferry n’a pas la légèreté du ton avec laquelle elle a été lancée sur le plateaux mi-Paris Match, mi-Figaro du grand journal de Canal plus. La violente réaction de la classe politique, gouvernement comme opposition, s’explique par le fait que si les accusations lancées par Luc Ferry se vérifient, il s’agirait ni plus ni moins que d’un gigantesque scandale d’Etat: Voila un premier ministre qui sait, selon les insinuations de Luc Ferry, qui sait qu’un de ses ministres a trempé dans une affaire de pédophilie dans un pays étranger et néanmoins ami, le Maroc et qui, Omerta oblige, décide d’étouffer l’affaire. Le premier ministre en question, Jean Pierre Raffarin, s’est empressé de fermer la porte à toutes éventualités. Il n’a jamais été au courant, ni été saisi par une telle affaire.
Sur la plan politique, l’affaire Luc Ferry est en train de remettre, aux yeux de l’opinion, les compteurs à zéro. Minée par l’affaire DSK, la gauche était plombée pour longtemps. Ses nouvelles icônes avaient beau tenté de faire le distinguo entre les pulsions morbides d’un homme si savant si brillant soit-il et l’engagement politique et moral d’un parti. Elle portait la malédiction de New York comme un tatouage indélébile. Mais voila qu’avec l’affaire Tron et maintenant le scandale Luc Ferry, la droite au gouvernement prend une longueur d’avance. Il n’est donc pas certain que ces scandales à répétition à caractère sexuel eu moral puisse arranger les affaires de Nicolas Sarkozy, lui qui profitant de la chute de DSK, tente de se frapper d’une nouvelle image.
La seule qui réellement profite d’une telle tornade est Marine Le Pen, incontournable étoile de l’extrême droite. Ce "ruisseaux pour reprendre l’expression du journal "libération" lui est politiquement favorable. Elle a été la premier à s’attaquer à Frédéric Mitterrand , ministre de la culture lorsque ce dernier avait avoué dans un livre, avec une forme de jubilation, avoir eu des relations sexuelles avec des jeunes boxeurs thaï. Elle était la première à crucifier sur une croix Dominique Strauss-Kahn alors même que la présomption d’annonce jouait à plein en sa faveur. Marine Le Pen a de fortes chances d’utiliser ses affaires, sur le thème poujadiste de "tous pourris" pour pointer la déchéance de la classe politique…avec parfois une chance de faire mouche.
Par Mustapha Tossa