Libye : l’un des principaux argentiers du clan Kadhafi réfugié en Autriche
Le Libyen Moustafa Zarti est soupçonné de gérer les intérêts personnels de la famille Kadhafi à l’étranger. Son interpellation en Autriche lève un voile sur l’organisation tentaculaire des avoirs du régime libyen dans le monde. Selon de récentes révélations, les investissements du régime libyen pour la seule Autriche se monteraient à quelque 30 milliards de dollars. Ce vendredi, la Banque centrale autrichienne a annoncé le gel des avoirs de Moustafa Zarti.
Grace à ses responsabilités au fonds souverain libyen, il est l’un des principaux actionnaires de la banque Unicredit, établissement leader en Italie. Il est également à la tête de la compagnie pétrolière nationale libyenne, comme du groupe pétrolier international Tamoil, dont les stations services recouvrent une grande partie du territoire européen. Par ailleurs vice-président de la First Energy Bank à Bahreïn, ce véritable homme-orchestre est également responsable de la prolifique pêche au thon au large des côtes libyennes.
Des pions sur une mappemonde
Sa présence en Autriche a été révélée par la presse du petit pays alpin, le jeudi 3 mars dernier. Le journal autrichien de centre droit Die Presse, jugé sérieux, a interrogé un proche de Mouammar Kadhafi, ayant fait récemment défection. L’homme, qui souhaite garder l’anonymat par peur des représailles, dénonce Moustafa Zarti. Il affirme que les Kadhafi ont placé leur argent en prenant des participations dans 800 sociétés, réparties dans 73 pays. Le business, représentant des avoirs estimés à 150 milliards de dollars, serait géré au quotidien depuis le Luxembourg. Des intimes de la famille, tels des pions sur une mappemonde, seraient chargés de veiller sur les affaires.
Le 21 février dernier, aux premiers souffles de la révolte, Moustafa Zarti aurait sauté dans un avion de la compagnie Austrian Airlines assurant la liaison directe entre Vienne et Tripoli, pour « transformer les biens de Kadhafi en cash ». Ce vendredi 4 mars 2011, la banque nationale d’Autriche lui a interdit l’accès à tout compte bancaire soupçonné d’appartenir au régime libyen, de peur de voir s’envoler les 30 milliards de dollars investis par la dictature dans le pays, sous forme de participation au capital de plusieurs entreprises et de placements immobiliers prestigieux. La veille, il était entendu par la police autrichienne, qui le laissait toutefois repartir libre.
Car l’homme d’affaires ne figure pas sur la liste des vingt-six personnalités libyennes visées par les sanctions de l’Union européenne. Et il peut voyager librement en Europe. Moustafa Zarti serait effectivement, toujours selon le quotidien Die Presse, en possession depuis 2006 d’un document bien utile : un passeport autrichien. Dans quelle condition a-t-il a obtenu le précieux sésame ? Le journal se garde bien d’avancer toute explication.