Levée de l’état d’urgence et lutte contre la corruption, construction de logements, ou encore stabilisation des prix : les promesses faites aux Algériens par leur président sont grandes. Jeudi, Abdelaziz Bouteflika a lâché du leste, soucieux de ne pas laisser les mouvements démocratiques tunisien et égyptien s’installer en Algérie.
La levée de l’état d’urgence
Dans un communiqué envoyé aux médias officiels, le président algérien a répondu à une série de revendications réclamées par le peuple depuis le début de l’année. Il s’est notamment engagé à une levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans dans le pays pour lutter contre les violences islamistes.
Il s’agit d’une demande fréquente de l’opposition et de la société civile, qui ont annoncé une marche à Alger pour le 12 février en faveur d’une démocratisation et d’"un changement du système". Une initiative interdite par les autorités, depuis une manifestation sanglante de Kabyles en 2001.
Autre revendication entendue par le président : le droit à la parole à la télévision et à la radio, qui sont publiques en Algérie alors qu’une bonne partie de la presse écrite est privée et libre. "La télévision et la radio doivent donc assurer la couverture des activités de l’ensemble des partis et organisations nationales agréés et leur ouvrir équitablement leurs canaux", a demandé Abdelaziz Bouteflika.
Une "stabilisation des prix"
Le chef de l’Etat a aussi promis d’"élargir notamment aux légumes secs, le champ d’application du dispositif de stabilisation des prix des produits de base". Une mesure destinée à contenir la colère du peuple algérien, touché par la pauvreté. Le chômage y est en effet estimé entre 20 et 30% de la population active. Abdelaziz Bouteflika avait déjà annoncé la lutte contre la spirale inflationniste des prix du sucre et de l’huile, après les émeutes de janvier.
Autre champ d’action : le logement. Le président algérien a promis l’accélération de la construction de logements et donné l’ordre aux banques, dont 90% sont publiques, de faciliter les prêts immobiliers.
Lutter contre la corruption
Le chef de l’Etat a aussi annoncé sa détermination à lutter contre la corruption, régulièrement dénoncée par la société civile. "Les mécanismes de prévention contre ces déviations ont été renforcés" a-t-il certifié, et la législation relative à ces fléaux est "des plus sévères".
Un "mea culpa"
Le président algérien a commenté pour la première fois les émeutes du 4 au 9 janvier qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés. Il a estimé "ces dépassements regrettables" et s’est incliné à la mémoire des victimes, au début d’un Conseil des ministres qui a revêtu un caractère exceptionnel par l’importance des mesures annoncées.
Reste à savoir si ces promesses seront tenues, et si elles suffiront à éviter une contagion de la tempête démocratique qui secoue actuellement le monde arabe, en Algérie. La main tendue du gouvernement algérien aux peuples tunisien et algérien, à travers la voix de son ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, pourrait en effet ne pas suffire. "L’Algérie entretient des relations historiques avec la Tunisie et l’Egypte" et "tendra toujours sa main pour aider les peuples de ces deux pays", a-t-il assuré jeudi.