"Au fond, ce que nous avons à faire, c’est inventer le pays dont nous voulons, ni plus ni moins", a lancé le chef de l’Etat en introduisant la discussion dans le gymnase de la petite ville d’Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire).
Durant les quatre heures et demi du débat, les mains n’ont cessé de se lever pour l’interpeller dans l’assistance, composée d’un millier de lycéens, d’étudiants ou d’apprentis de 15 à 25 ans venus des quatre coins du du département.
Appelés à exprimer leurs "convictions, doutes et interpellations", les jeunes ont témoigné de la cherté des études, des difficultés à entrer dans la vie active, des inquiétudes sur l’avenir de l’agriculture ou de la filière nucléaire… Des préoccupations parfois bien différentes de celles exprimées lors des cinq précédents débats auxquels a participé le chef de l’Etat pour trouver une issue à la crise des "gilets jaunes".
Ces interventions ont souvent été applaudies et l’émotion a saisi le gymnase lorsque un garçon et deux jeunes filles ont témoigné de leur handicap, notamment la dyslexie, et du harcèlement à l’école.
"J’entends dire que la jeunesse ne participait pas assez à ces débats", a souligné Emmanuel Macron en préambule du débat. Avant d’affirmer, en le concluant, que la richesse des échanges démontrait "formidablement le contraire". "Faites de la politique", leur a-t-il lancé, en bras de chemise.
En répondant, parfois longuement, avec le soutien des ministres de l’Education Jean-Michel Blanquer et du Travail Muriel Pénicaud, Emmanuel Macron a défendu les décisions et les réformes mises en oeuvre depuis son arrivée à l’Elysée. Tout en se montrant ouvert à étudier certains propositions des intervenants, comme sur le Livret Jeunes ou sur ParcoursSup.
Interpellé par un lycéen sur le service national universel (SNU), qui "suscite beaucoup d’interrogations", il l’a qualifié de "chance inouïe pour votre génération", annonçant que "l’intégralité du permis" de conduire pourrait être passé dans ce cadre.
Le président "a pris un risque en venant devant nous", a commenté Sandra Delbeken, 18 ans, élève de l’établissement de réinsertion (Epide) d’Etang-sur-Arroux. "Il nous a donné une meilleure image de lui, celle de quelqu’un qui s’intéresse aux gens", a-t-elle ajouté, en regrettant toutefois un débat "un peu trop long".
Son camarade Florent Pierron, 18 ans, s’est également félicité que le président ne soit pas apparu trop "politicien", comme il le craignait. "J’espère qu’il fera ce qu’il a dit, comme d’améliorer la vie dans les écoles et les lycées".
Le chef de l’État avait débuté sa visite en Saône-et-Loire en s’entretenant pendant deux heures à Autun avec 45 élus de ce département rural, qui ont "pris la crise des gilets jaunes en pleine figure", selon le maire de Blanzy, Hervé Mazurek.