En première ligne du cortège se trouvaient tous les organisateurs de cette marche, dont les présidents de SOS Racisme, de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et de la Ligue des droits de l’Homme.
"Il était temps de réinvestir la rue pour porter un discours fort, solidaire, collectif", a déclaré la présidente de SOS Racisme, Cindy Leoni. "La marche d’aujourd’hui doit être un point de départ, d’autres formes de mobilisation sont à lancer."
L’idée de cette marche a été lancée par des associations de Français originaires des départements d’outremer, qui se sont sentis directement visés par les insultes à l’encontre de Christiane Taubira, largement répandues sur internet et s’affichant sur la Une d’un journal d’extrême droite.
La ministre de la Justice, une femme noire, descendante d’esclaves née en Guyane, a été à plusieurs reprises comparée à un singe.
Le fondateur du Front National (extrême droite), Jean-Marie Le Pen, avait aussi déclaré le 17 novembre que Christiane Taubira avait été nommée ministre "certainement pas par son patriotisme" ni pour "ses talents de juriste", mais "parce qu’on pensait que sa couleur pourrait lui servir de bouclier".
Plusieurs élus de gauche étaient présents autour de la ministre déléguée chargée de la Réussite éducative, Georges Pau-Langevin, seule membre du gouvernement présente.
"C’est une manière de montrer aux tenants du racisme et des extrémismes qu’ils ne gagneront pas; on ne les laissera pas défigurer la République", a-t-elle affirmé.
Dans le cortège, se trouvaient de nombreux Antillais, des francs-maçons, et des collectifs de sans papiers.
Certains participants étaient toutefois surpris par une affluence en demi-teinte. "Je suis déçu et n’arrive pas à comprendre pourquoi nous sommes si peu", a reconnu Steevy Gustave, un Antillais élu de Brétigny-sur-Orge (région parisienne), à l’origine d’une pétition "France ressaisis toi" qui a recueilli 120.000 signatures. "Ceux qui sont là sont ceux qui peuvent tenir les digues", a-t-il estimé.
"La participation ne pouvait de toute façon qu’être insuffisante face à la gravité de la situation", a nuancé le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky. Selon lui, "le poison raciste a pénétré la société (…) Le racisme est aujourd’hui très désinhibé, il faut être plus courageux pour manifester contre le racisme aujourd’hui qu’il y a trente ans".