Ukraine: Zelensky obtient son Premier ministre et appelle à « faire l’impossible »
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ouvert la première session du nouveau Parlement jeudi en obtenant sans difficulté la nomination de son candidat, un jeune juriste peu connu, au poste de Premier ministre et en appelant les députés à « faire l’impossible » pour transformer l’Ukraine.
Mettant en garde contre les "bagarres" qui ne sont pas rares dans l’hémicycle, il a appelé les députés à faire un "travail minutieux pour le bien du peuple ukrainien". Il a menacé, dans le cas contraire, de dissoudre l’assemblée dans un an.
"Je sais déjà que dissoudre le Parlement n’est pas si effrayant", a plaisanté M. Zelensky, qui a dissout l’ancienne législature aussitôt après son investiture en mai et qui a obtenu la majorité absolue à l’issue de législatives anticipées en juillet.
Mettre fin à la corruption
A peine installés jeudi, les députés ont voté en faveur du candidat de M. Zelensky aux fonctions de Premier ministre, un ancien avocat avec trois mois d’expérience au sein du pouvoir. Oleksiï Gontcharouk a été nommé à une vitesse inédite pour l’Ukraine, où les tractations pour former un gouvernement duraient parfois des mois.
Un total de 290 députés, contre un minimum requis de 226, ont soutenu sa nomination.
"Nous avons plus de 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (…) Nous avons une guerre dans l’est. Et en plus, nous avons la corruption. Il faut y mettre fin et nous allons le faire. Le nouveau gouvernement ne va pas voler", a promis M. Gontcharouk, sous les applaudissements de l’hémicycle.
Nommé en mai chef adjoint de l’administration présidentielle chargé des questions économiques, il avait auparavant dirigé pendant quatre ans le centre d’analyse BRDO à Kiev, financé par l’Union européenne et dont les activités visent à améliorer le climat des affaires en Ukraine.
Son ascension fulgurante s’inscrit dans le contexte d’une arrivée massive de nouveaux visages au pouvoir en Ukraine, après l’élection de l’ex-comédien Volodymyr Zelensky sur la promesse de "casser le système".
"Une nouvelle génération est arrivée au pouvoir", a lancé M. Gontcharouk devant les députés.
Marge de manoeuvre inédite
Les parlementaires prévoient désormais de travailler "jusqu’à deux ou trois heures du matin" pour nommer les ministres et autres responsables-clés.
Dans la soirée, ils ont désigné ministre des Affaires étrangères Vadym Prystaïko, un diplomate de carrière respecté, qui a promis d’oeuvrer pour l’intégration de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’Otan.
Autres postes-clés, un ex-conseiller du ministère de la Défense chargé des réformes, Andriï Zagorodniouk, est devenu ministre de la Défense, tandis qu’un ami d’enfance du président, Ivan Bakanov, a été nommé chef des services de sécurité (SBU) après avoir dirigé cette structure par intérim dès mai.
Parmi les membres du gouvernement sortant, deux vont conserver leurs postes : la ministre des Finances Oksana Markarova, respectée des organisations internationales, et le puissant ministre de l’Intérieur Arsen Avakov, très critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme.
Lui-même plus jeune président d’Ukraine à 41 ans, M. Zelensky a chamboulé la politique de son pays, dominée pendant des décennies par des élites ayant grandi en URSS et jugées corrompues et inefficaces.
Il dispose d’une marge de manoeuvre inédite avec un parlement et un gouvernement loyaux, son tout jeune parti Serviteur du peuple composé de novices en politique, ayant obtenu 254 des 450 sièges de députés.
M. Zelensky ambitionne de mettre fin à la guerre meurtrière avec les séparatistes prorusses dans l’est, qui a fait près de 13.000 morts et près d’un million et demi de déplacés ainsi que de "rendre" à l’Ukraine la péninsule de Crimée annexée par la Russie en 2014 et d’éradiquer la corruption omniprésente.