668 morts palestiniens, l’ONU vote pour l’ouverture d’une enquête internationale
Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a décidé mercredi de lancer une enquête internationale sur de possibles violations lors de l’opération militaire israélienne en cours dans la bande de Gaza. A l’issue d’une réunion d’urgence à Genève, un projet de résolution présenté par les Palestiniens a été adopté par 29 voix pour, une contre – celle des Etats-Unis – et 17 abstentions dont la France.
Navi Pillay, haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a déclaré qu’il existait une "forte possibilité" qu’Israël ait commis des crimes de guerre dans l’enclave, où 668 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux civils, ont péri depuis le déclenchement de l’opération israélienne le 8 juillet.
Israël a rejeté ces propos, accusant le forum de Genève de partialité, et le Hamas d’utiliser de nombreux habitants comme boucliers humains.
Lors d’une réunion extraordinaire à Genève, le Conseil de l’Onu aux droits de l’homme, a voté en faveur de l’ouverture d’une enquête internationale, par 29 voix pour, une voix contre (celle des Etats-Unis) et 17 abstentions dont la France.
John Kerry a effectué une visite surprise à Jérusalem et en Cisjordanie où il a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas et devait voir le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avant de repartir pour l’Egypte.
"Nous avons bien entendu fait des progrès. Nous avons encore du travail", a dit John Kerry entre deux entretiens. Le crochet du secrétaire d’Etat par Jérusalem et la Cisjordanie donne un indice du redoublement des efforts déployés par les diplomates en faveur d’une trêve, plus de deux semaines après le lancement de l’opération "Bordure protectrice".
John Kerry négocie avec Mahmoud Abbas, l’Egypte et d’autres partenaires régionaux des Etats-Unis car Washington, comme Israël, n’a aucun contact direct avec le Hamas.
VIOLENTS COMBATS A KHAN YOUNES
Mais un responsable du Mouvement de résistance islamique a rejeté l’appel du chef de la diplomatie américaine, déclarant que le Hamas attendait d’enregistrer des progrès sur le terrain avant de négocier.
"Notre intérêt et celui de notre peuple est qu’aucun accord ne soit conclu avant que les conditions des groupes de la résistance soient remplies", a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement palestinien.
Depuis le début de l’offensive, 668 Palestiniens – parmi lesquels de nombreux civils – ont perdu la vie, dont un enfant de sept ans tué par un obus mercredi matin, a-t-on appris de source médicale.
Selon le ministère de la Santé à Gaza, 49 Palestiniens ont trouvé la mort mercredi, principalement dans la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, où les accrochages sont très violents.
Côté israélien, 29 soldats ont été tués dans les opérations depuis leur déclenchement. Un soldat israélien est également porté disparu et pourrait être mort, selon l’armée. Le Hamas dit l’avoir capturé mais n’a diffusé aucune image de l’éventuel otage.
Les autorités de Gaza évoquent, en seize jours de conflit, un bilan de 475 maisons rasées, 2.644 autres partiellement endommagées. Quarante-six écoles, 56 mosquées et sept hôpitaux ont aussi été touchés, à des degrés divers, dans l’offensive.
L’OLP APPUIE LES DEMANDES DU HAMAS
Déjà affectée par des annulations massives de touristes, Israël s’efforce de convaincre les compagnies américaines et européennes de revenir sur leur décision de suspendre leurs vols vers Tel Aviv pour raisons de sécurité.
La Federal Aviation Administration (FAA), l’agence fédérale américaine de l’aviation civile, a ordonné mardi la suspension pour 24 heures de tous les vols opérés par des compagnies américaines vers l’aéroport international Ben Gourion, à deux kilomètres duquel une roquette a atterri le même jour.
En Europe, l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a recommandé à l’ensemble des compagnies européennes d’éviter Tel Aviv pour le moment.
Sur le front politique, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Mahmoud Abbas a apporté son appui aux principales conditions posées par le Hamas pour une cessation des hostilités, ce qui pourrait faire du président palestinien le principal interlocuteur pour une trêve.
"Les demandes de Gaza d’arrêt de l’agression et de levée du blocus sous toutes ses formes sont les demandes du peuple palestinien tout entier et elles représentent le but à atteindre auquel la direction palestinienne a consacré toute son énergie", a dit Yasser Abed Rabbo, membre du comité de direction de l’OLP.
A la différence du Hamas, qui rejette l’existence de l’Etat d’Israël, l’OLP négocie avec les dirigeants israéliens depuis plus de 20 ans.
Pour l’heure, le Hamas, le mouvement islamiste qui dirige Gaza, et d’autres factions palestiniennes, se sont montrés très réticents face à la proposition de trêve présentée par le voisin égyptien. Avant d’accepter, ils veulent, disent-il, recevoir des assurances d’un allègement du blocus israélo-égyptien de la bande de Gaza, entre autres concessions.
Le problème est encore compliqué par la méfiance entre le nouveau président égyptien Abdel Fattah al Sissi et le Hamas, qui soutenait son prédécesseur, l’islamiste Mohamed Morsi.