Ce dernier a été arrêté en Irak en mai dernier après la révélation, sur WikiLeaks, d’une bavure commise par l’armée américaine.
Début juillet, Bradley Manning a été inculpé de huit chefs d’accusation criminels et de quatre violations du règlement militaire. Il lui est notamment reproché d’avoir "transféré des données confidentielles sur son ordinateur et ajouté un logiciel non autorisé dans un système informatique classé secret" et d’avoir illégalement récupéré "plus de 150.000 notes diplomatiques", selon l’acte d’inculpation publié dans la presse américaine. Pour ces faits, il encourt 52 ans de prison.
Une enfance difficile
Né dans l’Oklahoma, Bradley Manning a eu une enfance difficile. De ses divers portraits publiés depuis son arrestation par la presse américaine, ressort une constante: intellectuel et passionné d’informatique, il était souvent victime des quolibets de ses petits camarades. Il y répondait par la colère. "Il se fâchait souvent, il claquait les livres sur les tables si on ne l’écoutait pas ou si on ne comprenait pas ce qu’il voulait dire", se souvient ainsi l’un de ses anciens camarades de classe, dans les colonnes du New York Times .
Après le divorce de ses parents, il déménage dans le sud de l’Angleterre avec sa mère. Mais là aussi, les choses se passent mal. Son orientation sexuelle – il est homosexuel – lui vaut de nombreuses humiliations, rapporte la BBC sur son site Internet. A la fin de ses études, il choisit de rentrer aux Etats-Unis. Après avoir enchaîné des petits boulots dans lesquels il n’était peu ou pas considéré, il rejoint l’armée américaine en 2007.
Homosexuel dans l’armée américaine
En octobre 2009, il est envoyé en Irak. Selon ses proches, interrogés par les médias américains, c’est là que les choses commencent à mal tourner. Différents messages postés sur Facebook traduisent alors son mal être. Lui qui cherchait reconnaissance et fierté, n’a trouvé que moqueries et mépris. "Bradley Manning est frustré, frustré des gens, frustré de la société", écrit-il ainsi sur sa page personnelle le 5 mai 2010, selon la BBC. Le jour suivant, il laisse ces quelques mots qui en disent long: "Bradley Manning n’est pas une pièce rapportée."
Bradley Manning découvre notamment la dure réalité des soldats homosexuels dans l’armée américaine, liée la fameuse loi "don’t ask, don’t tell", littéralement "ne rien demander ne rien dire". Elle oblige les homosexuels à taire leur orientation sexuelle sous peine de renvoi. Selon ses proches, il pourrait alors s’être identifié à ceux qui, comme lui, souffrent de la politique américaine à travers le monde, qu’ils soient Irakiens, Afghans ou autres. Et c’est donc par "solidarité" que le soldat Manning aurait décidé de transmettre ces informations confidentielles.
La ruse Lady Gaga
En tant qu’analyste du renseignement, il a en effet accès à des données confidentielles. Il ne pouvait trouver en Julian Assange meilleure oreille. Mais c’était sans compter sur la "trahison" de l’un de ses proches, le pirate informatique Adrian Lamo. Lors de différents "chat", Bradley Manning se confie un peu trop. Il assure notamment connaître "quelqu’un" qui a "transféré des données de réseaux classifiés" et les a transmises "à un Australien aux cheveux blancs", soit la description du fondateur du site WikiLeaks.
Car ce "quelqu’un", c’est lui. "Hillary Clinton et des dizaines de milliers de diplomates dans le monde vont avoir une crise cardiaque un matin quand ils se réveilleront et découvriront qu’un répertoire complet de documents classifiés sur la politique étrangère est accessible" à tous, écrit-il ainsi à son ami hacker. Et très vite, il révèle sa méthode. Il transférait les données confidentielles sur des CD de Lady Gaga. Ses supérieurs n’y ont vu que du feu. Jusqu’à ce qu’Adrian Lamo le dénonce et que le magazine Wired publie leurs conversations.