Turquie: Erdogan et le roi Salmane d’Arabie saoudite affichent leur alliance

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réservé mardi un accueil chaleureux au roi Salmane d’Arabie saoudite, lors d’une visite officielle qui illustre le rapprochement croissant de ces deux poids lourds régionaux.

Symbole de l’importance de cette visite, le président turc a décerné à son hôte la plus haute distinction réservée aux ressortissants étrangers, l’Ordre de l’Etat de la République, lors d’une cérémonie au palais présidentiel turc, en lisière d’Ankara.

"Le renforcement des relations entre la Turquie et l’Arabie saoudite dans tous les domaines, avec votre soutien, présente une opportunité pour la paix régionale et mondiale", a déclaré M. Erdogan lors de cette cérémonie, selon un communiqué publié par la présidence turque.

Au cours de leur entretien, les deux dirigeants ont notamment abordé le dossier syrien, indique le communiqué sans détailler.

Cette rencontre intervient à la veille de la reprise des pourparlers intersyriens à Genève, suivis de près par Ankara et Ryad qui parrainent de nombreux groupes rebelles opposés au président syrien Bachar al-Assad.

"Il ne fait aucun doute que la visite historique d’aujourd’hui constitue un message fort et clair sur l’avenir de notre relation", a déclaré M. Erdogan, selon le communiqué.

Ce réchauffement succède à une période de crispations consécutive au renversement en 2013 du président égyptien issu des frères musulmans Mohamed Morsi, proche allié de M. Erdogan dont Ryad a encouragé la chute.

Après la mort en janvier 2015 d’Abdallah, prédécesseur et demi-frère de Salmane, les deux poids lourds sunnites ont opéré un rapprochement, servi notamment par leurs vues convergentes sur le dossier syrien.

Les deux pays sont en effet hostiles au président syrien Bachar al-Assad et à ses deux principaux soutiens, l’Iran et la Russie.

La signature, en juillet, d’un accord historique sur le nucléaire iranien entre les Occidentaux et l’Iran, puissance chiite honnie de l’Arabie saoudite, avait donné à Ryad une bonne raison de mettre de côté sa rivalité avec la Turquie.

Cette menace potentielle a permis de "balayer certains différends que le précédent roi avait vis-à-vis de la Turquie", explique à l’AFP Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche turc au centre de réflexion Washington Institute.

Ankara, de son côté, "a besoin de retrouver des points d’appui dans la région", analyse Jean Marcou, professeur de sciences politique à Sciences Po Grenoble. La Turquie s’est notamment fâchée avec la Russie dont elle a abattu deux avions de chasse au-dessus de la frontière syrienne l’automne dernier.

La lutte contre le djihadisme est également l’un des volets de la coopération turco-saoudienne et sera au coeur du sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) auquel participera le roi Salmane jeudi et vendredi à Istanbul.

Quatre chasseurs F-15 saoudiens sont déployés depuis février sur la base d’Incirlik (sud de la Turquie) dans le cadre de la coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis.

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