Tunisie: le Parlement entame la discussion d’un projet de loi de finances très controversé

L’Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement tunisien) a entamé, vendredi, l’examen du projet de loi de finances 2017, au coeur d’une controverse houleuse autour des mesures d’austérité et des dispositions fiscales destinées à réduire un déficit budgétaire abyssal.

C’est le chef de gouvernement Youssef Chahed qui s’est chargé de présenter les lignes directrices de ce texte, qui suscite déjà la colère aussi bien du principal syndicat du pays que du patronat, pourtant tous deux signataires du document d’institution de ce cabinet.

"Nous sommes capables d’insuffler une économie forte, génératrice de richesse, d’emploi et de développement régional", a dit M. Chahed, après avoir brossé un tableau sombre de la situation générale dans le pays, confronté à un net ralentissement de la croissance depuis deux ans.

Il a mis en garde contre "les menaces pesant sur les équilibres financiers" et "la hausse de l’endettement", d’où l’impératif d’une loi de finances "audacieuse" donnant la priorité à la lutte contre l’évasion fiscale.

En 2017, la Tunisie table sur une croissance de 2,5 pc, contre un taux ne devant pas dépasser 1,5 pc pour l’exercice en cours et 0,8 pc 2015.

Les projections du gouvernement sont basées sur un baril de pétrole à 50 dollars et un taux de change du dollar à 2,25 dinars, alors que des rumeurs persistantes évoquent une nouvelle dévaluation de la monnaie locale, qui a perdu près du quart de sa valeur au cours des derniers mois.

Le gouvernement cherchera à ramener le déficit budgétaire à 5,4 % du PIB en 2017, contre au moins 5,7 pc actuellement, un objectif qui reste tributaire, notamment, du report des augmentations salariales convenues avec la centrale syndicale (UGTT) et l’acceptation des patrons de verser une contribution spéciale de 7,5 pc de leurs bénéfices.

Dans une déclaration à la presse, la ministre des Finances Lamia Zribi a souligné qu’il serait extrêmement difficile de stopper le creusement du déficit budgétaire sans un gel des salaires des fonctionnaires en 2017.

Le gouvernement ambitionne de baisser la masse salariale de 14,4 % à 13,9 % du PIB au titre de l’année prochaine, ce qui restera, tout de même, l’un des taux les plus élevés au monde, ayant valu à la Tunisie un sévère rappel à l’ordre de la part du Fonds monétaire international (FMI).

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a menacé, jeudi, d’observer une grève générale dans la fonction publique, si le gouvernement n’honore pas les engagements pris par son prédécesseur concernant les majorations salariales.

Pour leur part, les patrons tunisiens avaient rejeté, eux aussi, l’instauration de la contribution "exceptionnelle", avec un apport minimum de 5.000 dinars (2.000 euros environ).

L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA, patronat) avait jugé "excessif" le taux proposé par le gouvernement, avec "une incidence sur la compétitivité des entreprises et sur l’effort national pour stimuler l’investissement".

Dans ses prévisions pour l’année prochaine, le gouvernement tunisien mise sur une bonification de près de 16 % des recettes fiscales, qui pourraient servir à atténuer les effets du déficit budgétaire. Plusieurs corporations professionnelles, notamment les avocats et les médecins, sont montées au créneau pour contester les dispositions fiscales envisagées par le gouvernement, en vue de renflouer les caisses de l’Etat.

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