Un tribunal arbitral avait condamné en 2008 le Consortium de réalisation (CDR), la structure publique chargée de liquider le passif du Crédit Lyonnais, à verser une indemnité de 285 millions d’euros (environ 400 millions avec les intérêts) aux liquidateurs du Groupe Bernard Tapie, dans le cadre de l’affaire de la vente du groupe sportif Adidas.
Une fois pris en compte les intérêts, la fiscalité et les créances du CDR, l’ancien homme d’affaires aurait dû toucher entre 20 et 50 millions d’euros, indiquait en juillet 2008 le ministère de l’Economie.
Selon Le Canard Enchaîné, qui ne cite pas ses sources, c’est en fait 210 millions d’euros que le Trésor public va reverser à l’homme d’affaires: 45 millions d’euros pour les époux Tapie au titre du préjudice moral et 165 millions d’euros de dommages et intérêts pour sa société personnelle.
Interrogé par l’AFP, l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde n’a pas souhaité commenter ces chiffres.
De son côté, Bernard Tapie, également joint par l’AFP, n’a pas contesté ce montant mais estimé que ce calcul "mélangeait les résultats de l’arbitrage et (ses) actifs personnels".
Sur les sommes citées, "environ 95 millions d’euros ne sont pas liés à l’arbitrage", a-t-il affirmé, mais correspondent, selon lui, au produit de la vente d’actifs lui appartenant et saisis par la justice au cours des procédures.
Dans le détail, 75 millions d’euros correspondent à des actions vendues, 20 millions d’euros à d’autres actifs: "mon bateau, des tableaux, deux-trois maisons, un appartement, une maison à Marrakech", a-t-il précisé.
"Il reste au tribunal à trancher sur des créances en suspens qui représenteront de 10 à 15 millions d’euros et sur le solde, il y aura de l’impôt", a-t-il poursuivi.
Au final, M. Tapie affirme que dans le cadre de la procédure d’abritrage, il lui restera effectivement "entre 50 et 55 millions d’euros".
Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le socialiste Jérôme Cahuzac, qui a analysé les documents concernant cette affaire, a déclaré à l’AFP être parvenu à "une estimation de ce que les époux Tapie peuvent conserver, nettement plus élevée que ce que Christine Lagarde avait bien voulu nous indiquer" en 2008.
Il a toutefois refusé de révéler son estimation, dans l’attente d’une réaction des ministères de l’Economie et du Budget, auxquels il a fait part de ses conclusions.
"Nous confronterons nos chiffrages quand nous aurons le pré-rapport de Jérôme Cahuzac", s’est-on borné à répondre dans l’entourage de Christine Lagarde.