Sommet de l’UA à Niamey: Il faut « repenser » le modèle d’industrialisation de l’Afrique (Moussa Faki)
«Le regard prospectif que nous nous apprêtons à jeter sur le processus de l’industrialisation de notre continent devrait se nourrir, d’une part, de l’interrogation sur le passé, sur l’identification des facteurs qui ont plomber l’Afrique dans sa marche vers l’industrialisation, et d’autre part sur les tendances lourdes, les ruptures et les germes de changement qui sont en train de façonner l’avenir de l’économie mondiale», a souligné M. Moussa Faki.
Selon lui, c’est dans ce contexte que «nous devrions aujourd’hui repenser le modèle d’industrialisation de l’Afrique», estimant que l’enjeu déterminant, dans le choix de s’industrialiser, réside dans la prise en compte objective de l’ensemble des potentialités du continent et dans la pertinence des arbitrages entre une pluralité de schémas.
Classiquement, la porte d’entrée de l’industrialisation s’ouvre sur l’agriculture au sujet de laquelle l’Afrique dispose d’énormes potentialités, a-t-il fait remarquer, notant que la transformation du secteur agricole, à travers la Déclaration de Malabo, devrait permettre l’augmentation de la productivité qui se traduirait par la réduction des importations des produits alimentaires estimées à 15 milliards de dollars par an et libèrerait des ressources humaines et financières pour le développement de l’industrie.
L’énergie, variable importante de toute activité industrielle, agissant à la fois comme facteur de production et de compétitivité, détermine, en fonction de sa disponibilité, le choix à opérer en matière d’industrialisation, a-t-il poursuivi.
«En Afrique, l’investissement dans l’énergie pourrait opérer comme un vecteur d’intégration régionale et de promotion de l’industrie quand nous savons que la consommation de l’énergie reste très faible sur le continent. Plus de 600 millions d’africains n’ont jamais connu d’électricité!», a dit le président de la Commission de l’Union africaine.
Certes, a-t-il ajouté, «nos efforts d’industrialisation porteront prioritairement sur la transformation de nos ressources naturelles. Cette option bien compréhensible devra cependant s’obliger à construire une passerelle vers les avancées fulgurantes de la 4ème révolution industrielle qui mobilise des technologies de pointe axées sur les diverses composantes de l’intelligence artificielle».
Au-delà des priorités sectorielles à définir selon les spécificités et les potentialités de chaque pays, le processus d’industrialisation gagnerait à être pensé dans une logique de diversification complémentaire et horizontale entre les États membres, a-t-il encore ajouté tout en insistant sur le fait que la traduction de ces choix dans la réalité est subordonnée à une interaction positive entre la dynamique des réformes internes déjà engagée et la dynamique externe.
M. Moussa Faki a auparavant souligné que les politiques d’industrialisation élaborées au fil des décennies et adoptées par les organes délibérants de l’Union africaine «ne se sont pas toujours soldées par des résultats conséquents. Le reconnaître sans détours est une motivation pour nous surpasser dans nos efforts d’amélioration de nos résultats».
«Je retiens que l’industrialisation, la diversification économique, la ZLECAf sont déterminants assurément. Il reste cependant solidement établi que les immenses difficultés à aplanir, tant au niveau des infrastructures de base qu’aux niveaux juridiques et techniques, ne seront jamais surmontées sans une forte volonté politique. Cette condition n’a qu’un seul nom : notre unité et la force de notre détermination transformatrice. A l’Afrique de s’armer de cette volonté», a-t-il conclu.
Le 17ème sommet extraordinaire sur l’industrialisation et la diversification économique se tient autour du thème «Industrialiser l’Afrique : Renouveler les engagements en faveur d’une industrialisation et d’une diversification économique inclusives et durables».
Il vise à mettre en lumière la détermination et le renouvellement de l’engagement de l’Afrique en faveur de l’industrialisation comme l’un des piliers stratégiques de la réalisation des objectifs de croissance économique et de développement du continent, tels qu’énoncés dans l’Agenda 2063 et l’Agenda 2030. Le Maroc est représenté à ce Sommet par le ministre de l’Industrie et du Commerce. M. Ryad Mezzour.