Sarkozy remanie l’Elysée (LE JDD)
Une page s’est tournée au palais avec le départ de plusieurs conseillers historiques. Promu secrétaire général, Xavier Musca impose un management plus collectif et moins politique.
Musca-Castex, un duo interchangeable
Avec le départ de Claude Guéant, presque tous les conseillers (à l’exception de Franck Louvrier) ont quitté son entourage. "Je me suis coupé un bras et une jambe", a soupiré Nicolas Sarkozy devant ses proches en début de semaine en évoquant l’éviction du gouvernement de son ami Brice Hortefeux et le départ de Claude Guéant de l’Elysée. "C’est un changement en profondeur", concède Franck Louvrier, conseiller en communication du Président et désormais l’un des survivants du premier organigramme de 2007. Ni Xavier Musca (arrivé en 2009) ni Jean Castex (nommé à la fin de l’année 2011) n’appartenaient à la première équipe. "Claude Guéant gérait l’Elysée comme une super-préfecture. Avec Musca et Castex, on change totalement de style de management", constate un conseiller en place.
Le style et le parcours de Xavier Musca sont à l’opposé de ceux de son prédécesseur. Cet inspecteur des Finances et ancien directeur du Trésor n’est pas un adepte du management centralisé. Il délègue. Avec Jean Castex, il devrait constituer un duo "interchangeable". Un peu par la force des choses puisque Xavier Musca conserve son titre officiel de "sherpa G20". Concrètement, cela veut dire que le plus proche collaborateur du Président va effectuer des déplacements à l’étranger. Il accompagnera à la fin du mois Nicolas Sarkozy en Chine. Il sera également retenu par les nombreuses réunions des sherpas à l’occasion de la préparation des sommets du G20. "C’est un vrai challenge", confie Xavier Musca, qui devra faire avec ses "deux casquettes". "Je vais jouer plus collectif en m’appuyant sur Jean Castex, le secrétaire général adjoint. Il supervisera les dossiers économiques, sociaux et sociétaux (éducation, culture…)", détaille-t-il. Henri Guaino conserve son rôle de conseiller spécial mais partage sa fonction de plume du Président avec Camille Pascal, un nouveau venu (lire ci-contre). "Henri va reprendre du poil de la bête avec le départ de Claude, qui l’avait marginalisé", estime une source interne.
Musca: "Notre métier n’est pas de gérer le direct"
Pour le reste, Xavier Musca compte s’appuyer sur les chefs de pôle déjà en place: Christian Frémont, directeur de cabinet, qui va superviser la sécurité, Franck Louvrier (communication), Olivier Biancarelli (parlementaire) et Jean-David Levitte (diplomatie). La cellule diplomatique, qui ne compte pas moins de douze personnes, semble aujourd’hui être la plus soumise à pression. Il est de notoriété publique qu’Alain Juppé ne s’entend pas avec Jean-David Levitte. "Les deux hommes se disent à peine bonjour. Comme tous les chiraquiens, Juppé n’a pas supporté la trahison de Levitte", raconte une source gouvernementale.
Il est clair que la nouvelle équipe de l’Elysée s’impliquera moins dans les domaines de la sécurité et des affaires étrangères. "Notre métier n’est pas de gérer en direct. Je considère que ma première tâche, c’est de surveiller que les impulsions politiques du président de la République seront bien répercutées sur le gouvernement et l’administration", explique Xavier Musca, dont la conception du poste est nettement moins politique que celle de son prédécesseur. Rien à voir donc avec la méthode Guéant, qui s’impliquait dans tout. Au point de concurrencer Matignon. Reste le cas Brice Hortefeux, dont l’arrivée a été annoncée mais pas confirmée. L’ancien ministre de l’Intérieur ne devrait pas, selon un proche du chef de l’état, rejoindre l’Elysée, "pas avant l’automne". Pas question de transformer le palais présidentiel en QG de campagne. Du moins pas encore.