Le chef de l’Etat a évoqué le sujet, qui divise droite et gauche mais réjouit le Front national, lors d’une table ronde au Salon de l’Agriculture.
Il a dressé un parallèle entre la campagne de communication de France Nature Environnement (FNE), qui a mis en scène de manière provocante les excès présumés de l’agriculture intensive, et la réflexion lancée par l’UMP sur l’islam et la laïcité, avec l’aval de l’Elysée.
"Cette campagne (de FNE) est détestable car elle monte les uns contre les autres", a-t-il fait valoir devant un parterre d’agriculteurs et d’éleveurs. "C’est injuste et détestable. Restez sérieux, ne cédez pas a la tentation de l’extrémisme."
"Je fais même la liaison entre ce que je dis sur l’islam et nos compatriotes musulmans", a-t-il poursuivi. "Je n’accepterai pas qu’on mette en cause nos compatriotes musulmans mais en même temps je n’accepterai pas un islam qui ne correspond pas aux valeurs de la République et de la laïcité".
"On essaie toujours de monter les uns contre les autres. Moi, j’essaie de rassembler", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Quelques semaines après le tollé provoqué par Marine Le Pen pour avoir comparé les prières musulmanes dans les rues à l’Occupation, le chef de l’Etat a estimé la semaine dernière que certaines pratiques de l’islam représentaient "clairement un problème" en France.
Le feu vert présidentiel à un débat sur l’exercice des cultes en France centré sur l’islam suscite des critiques jusque dans les rangs de la majorité.
L’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, a appelé la droite à ne pas "aller sur le terrain du Front national".
"FAIRE PLAISIR AUX RACISTES"
"Il faut cesser d’attiser les haines, de chercher des boucs émissaires, de jouer sur les peurs", a exhorté vendredi le dirigeant centriste dans un communiqué.
Pour Eva Joly, candidate à l’investiture présidentielle écologiste, Nicolas Sarkozy fait de la "récupération politique" en stigmatisant l’islam, qui est la deuxième religion de France.
"Tout cela, ce sont des discours de récupération politique. C’est faire plaisir aux racistes qui se manifestent dans beaucoup de pays européens", a déclaré samedi la député européenne sur France 24.
Selon deux sondages publiés samedi, le Front national atteint des niveaux inégalés d’intentions de vote pour la présidentielle: entre 17 et 20% des personnes interrogées disent qu’elles pourraient voter pour Marine Le Pen l’an prochain.
Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, chargé du projet présidentiel de l’UMP pour 2012, a estimé que la majorité avait une obligation d’aborder ces questions faute de quoi les électeurs se tourneraient vers le Front national.
"Nous voyons un certain nombre de dérives par rapport aux principes républicains et une inquiétude de la population (…) par rapport à l’islam", a-t-il expliqué vendredi soir lors de l’émission Le Talk Le Figaro/Orange.
"Le Front national recueille un véritable écho et si nous ne sommes pas capables de répondre aux problèmes qui se posent aux gens en termes d’emploi ou de logement, ils auront un vote défouloir en disant: ‘on ne nous a pas entendus? Eh bien nous votons pour les extrêmes’", a-t-il prévenu.