Le député de Corrèze a réaffirmé que la règle d’or de retour à l’équilibre budgétaire ne pourrait être votée avant la présidentielle d’avril-mai 2012.
A ses yeux, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel n’ont pas été à la hauteur de la situation. "Avec l’annonce d’un nouveau traité, ils n’ont pas pris la mesure de la crise de la zone euro", a considéré François Hollande sur France-Inter.
"Ce qui a manqué dans cet accord-là, c’est une ambition", a estimé l’ex-premier secrétaire du PS. "Imaginer que l’annonce d’un nouveau traité va calmer les marchés et va rassurer et les citoyens et les agences de notation, eh bien vous avez vu: (…) dans la nuit même, il y a eu une agence de notation qui a parlé déjà de dégradation!"
Standard & Poor’s a annoncé lundi qu’elle plaçait sous surveillance 15 des 17 pays de la zone euro en vue d’une possible dégradation. Même les pays notés AAA sont concernés, dont l’Allemagne, le Luxembourg et la France. Les deux seuls pays qui ne sont pas visés sont Chypre, qui était déjà sous surveillance, et la Grèce, qui a déjà la plus mauvaise note.
Selon François Hollande, "le doute s’est installé sur l’affichage des perspectives de réduction des déficits" à cause du ralentissement de la croissance économique. Cette situation marque "un échec (…) de la politique qui est conduite depuis cinq ans", a-t-il analysé, en croyant bon de préciser: "Je ne souhaite pas qu’il y ait une dégradation de la note de la France".
Pour autant, le candidat socialiste à l’Elysée refuse de s’engager sur la règle d’or que réclame à cor et à cri le président Sarkozy. "Je ne vais pas me prononcer sur une mécanique qui pour l’instant n’a pas été précisée", a-t-il déclaré.
"C’est pas une règle qui fait une politique, c’est une politique qui permet de respecter des règles", a devisé François Hollande. "Si je suis élu président de la République, je ferai voter une loi de programmation de nos finances publiques pour ramener à l’équilibre nos comptes à l’horizon 2017", a-t-il promis.
"La règle d’or, ça sera après la présidentielle", a-t-il réaffirmé. "Ce sera à chacun des candidats de présenter ce qu’il fera pour rétablir les comptes publics, la manière de le faire, les dispositions qu’il faudra prendre et à quel niveau – constitutionnel ou pas – et c’est ensuite aux Français de juger". Et François Hollande de marteler: "De toute manière, la règle d’or, elle ne peut pas être votée avant l’élection présidentielle".
Le député de Corrèze s’est montré très critique sur l’accord franco-allemand conclu lundi à Paris en vue d’un nouveau traité qui prévoirait des sanctions automatiques pour les pays membres de la zone euro dont le déficit dépasserait les 3% du PIB.
"Il n’est pas possible aujourd’hui de proposer un nouveau traité qui ne comporterait que des règles de contrô le, de limites, qui seraient jugées comme des règles organisant l’austérité", a-t-il mis en garde. "S’il n’y a que de l’austérité dans ce traité, eh bien il n’y aura pas au bout du compte d’acceptation du traité".
D’après lui, "sans croissance, il n’y aura ni réduction des déficits publics, ni maîtrise de la dette, ni résolution de la crise de la zone euro, ni acceptation par les peuples de ce qui sera proposé".
En matière d’institutions, François Hollande a proposé une réforme de la présidence européenne, suggérant de "fusionner" les fonctions de président de la Commission européenne et de président du Conseil européen, mais aussi de rendre ce nouveau président "responsable devant le Parlement européen et un jour de le présenter au suffrage du peuple".