Selon le ministère de l’Intérieur, "une partie du centre", proche de l’aéroport parisien de Roissy, a ouvert lundi matin.
"Le CRA déjà existant ferme provisoirement ses portes, ses installations étant devenues vétustes. La trentaine de retenus qui étaient dans l’ancien CRA va donc être transférée vers le CRA n°2" lundi, a-t-on précisé de source policière, sans pouvoir indiquer la date d’ouverture du CRA n°3.
Les CRA n°2 et n°3, qui devaient initialement ouvrir en mars 2010, peuvent accueillir chacun 120 personnes. Elles viendront s’ajouter aux 96 places du CRA n°1, fermé lundi pour travaux.
Le complexe est "organisé en 6 unités de vie de 40 places autour de deux bâtiments administratifs jumeaux, eux-mêmes reliés par une passerelle de commandement. Une double enceinte grillagée et barbelée entoure l’ensemble du camp équipé de caméras et de détecteurs de mouvements", décrivent les associations, qui ont manifesté à plusieurs reprises contre l’ouverture.
Selon la Cimade, seule association d’aide aux sans-papiers à y intervenir, "les conditions d’ouverture ne sont pas réunies".
Les CRA accueillent les étrangers en attente d’expulsions. Ils sont six en France pour une capacité totale de 2.058 places. En 2008, 32.284 personnes de 163 nationalités ont été enfermées de 24 heures à 32 jours dans ces centres de rétention, dont 118 familles avec 222 enfants.
Dans un communiqué, la Cimade explique que "ses partenaires associatifs" et elle "n’ont eu cesse de dénoncer l’illégalité et la déshumanisation de ce camp en alertant l’opinion publique et en saisissant le Conseil d’État qui, à ce jour, ne s’est toujours pas prononcé".
"Aujourd’hui, l’ouverture de ce CRA, le plus grand de France, vient rappeler que l’enfermement est bien devenu un mode banal de gestion, de contrôle et de mise à l’écart des populations migrantes", dénonce l’ONG.
Selon l’Intérieur, le rythme des reconduites à la frontière s’est sensiblement accru depuis mai, et l’objectif des 28.000 reconduites pourrait être porté à 30.000 en 2011. La Cimade, comme la place Beauvau, voit là l’effet de la récente loi sur l’immigration.
Principaux outils dans l’arsenal de l’administration: l’allongement de 32 à 45 jours du délai de rétention administrative, qui offre plus de temps pour obtenir des laissez-passer consulaires, et un pouvoir plus grand accordé au juge administratif, désormais compétent pour trancher sur un arrêté préfectoral d’expulsion.
La loi a aussi repoussé à cinq jours (au lieu de deux) l’intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) lorsqu’un étranger en situation irrégulière est placé en rétention administrative.
Selon des associations, le CRA du Mesnil-Amelot "porte une déshumanisation incompatible avec les droits des personnes". Elles évoquent un isolement des immigrés retenus, un contrôle permanent de mouvements par la vidéosurveillance, un manque d’intimité, une identification par un numéro et le bruit permanent des avions rappelant le risque d’expulsion.
Deux salles accueilleront les audiences des juges des libertés et de la détention (JLD), dans un bâtiment à proximité du nouveau CRA, une première en France.
Contacté par l’AFP, le président du TGI de Meaux, Jean-Michel Malatrasi, a expliqué que "l’ouverture de cette annexe n’est pas programmée avant le début de l’hiver".