Règlement de comptes, trafic de drogue et une victime au mauvais endroit : une folle nuit à Marrakech

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Il a fallu quelques heures seulement à la police marocaine pour procéder aux premières arrestations liées à l’assassinat violent et par arme à feu d’un jeune homme attablé à une terrasse de café, jeudi soir à Marrakech. Six suspects ont été en effet appréhendés à Casablanca dans la soirée de jeudi et très tôt dans la matinée du vendredi 3 novembre.

Ce vendredi matin, on en sait un peu plus sur ce crime qui a secoué la ville ocre et tenu toute la nuit les internautes éveillés. La brigade nationale de la police judiciaire de Marrakech qui s’est très vite saisie de l’affaire pour mener l’enquête avec une rare célérité est formelle : il s’agit bel et bien d’ "un assassinat avec préméditation à l’aide d’une arme à feu".

La thèse du règlement de comptes crapuleux est officiellement établie. Le commanditaire du crime, qui n’a pas encore été arrêté, a été également identifié. L’homme, connu des services de police, fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour son implication dans diverses affaires de trafic international de drogue, de blanchiment d’argent et d’extorsion.

L’assassinat perpétré sur la terrasse de ce café du quartier marrakchi de l’Hivernage-il y a eu également deux blessés qui sont actuellement hospitalisés mais dont les jours ne seraient pas en danger- serait donc lié à un vaste réseau criminel européen opérant dans le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. Au fil des heures, le scénario se précise. Ceux qui ont exécuté le contrat se seraient trompés de cible. La victime, Hamza Chaieb, un étudiant en 7ème année de médecine, âgé de 26 ans, n’était pas visé. Il aurait été pris pour le propriétaire des lieux qui avait pour habitude de s’attabler à cette même place. Selon plusieurs médias locaux, le commanditaire de l’assassinat et le propriétaire de l’établissement auraient un litige sur fond de trafic de drogue.

C’est une folle nuit qui a secoué Marrakech ce jeudi 2 novembre. Au quartier de l’Hivernage, il est aux environs de 19h45 quand deux hommes cagoulés s’arrêtent au niveau de la terrasse du café « La crème ». L’un d’eux tire à bout portant sur un jeune homme attablé. Sa tête est clairement visée. Le meurtrier et son complice montent ensuite sur un scooter Tmax et prennent la fuite. Sur la terrasse du café, la stupeur a cédé la place à la panique. Une jeune femme ensanglantée est à terre. Des clients appellent les secours. D’autres la police. Moins d’une heure après ce meurtre, les réseaux sociaux relaient l’information. La confusion aussi. On parle d’attaque, de fusillade. On craint le pire : un acte terroriste aurait-il frappé la ville la plus touristique du Maroc ?Une heure et demie après la perpétration de cet assassinat violent, le ministère de l’intérieur publie un premier communiqué privilégiant la thèse du règlement de comptes en s’appuyant sur les circonstances du meurtre : la victime a reçu une balle à bout portant au niveau de la tête.

Très vite, le scénario d’une attaque terroriste sur le modèle des attaques de Paris qui avaient visé des terrasses de café est définitivement écarté. L’horreur et l’innommable prennent le relais. Les photos du jeune homme assassiné, en sang, le crâne fracassé et sans vie, sont publiées sur la Toile. Celle d’une jeune femme à terre et le ventre en sang également. Personne ne floute leurs visages. Personne ne pense à leurs familles et encore moins à leur douleur. C’est la course à la photo au plus près du crime, de l’assassinat, de l’horreur…

Pendant ce temps, l’enquête avance très vite. L’identité de la victime est révélée par la presse locale. L’homme tué sur cette terrasse de café s’appelle Hamza Chaieb. Il a 26 ans. Il est étudiant, en dernière année de médecine. Une information attise toutes les supputations : son père est le président de la cour d’appel de Beni Mellal. Et si c’était une vengeance contre le père ? L’on saura plus tard que le jeune Hamza n’était pas visé. Tué par erreur, il se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment.

Les investigations sur le terrain permettent aussi de retrouver moins de trois heures après le crime la moto, l’arme ainsi que des balles utilisées dans l’exécution du meurtre. Abandonnées dans un terrain vague, à Marrakech, la moto et l’arme à feu ont été incendiées.

A 23 heures, ce jeudi 2 novembre, le chef de gouvernement annonce dans un tweet l’arrestation des deux auteurs du crime avant de rétropédaler une demi-heure plus tard. "En contact direct avec les responsables, il apparaît que la recherche des auteurs de l’attaque est toujours en cours et ceux qui ont été appréhendés auparavant n’ont rien à voir avec cette affaire. Que Dieu préserve la sûreté de notre pays", twettera-t-il de nouveau, oubliant de présenter ses condoléances à la famille de la victime.

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