Présidentielle2012: Sarkozy met fin sans convaincre à un faux suspense (presse)

Présidentielle2012: Sarkozy met fin sans convaincre à un faux suspense (presse)
La fin d’un faux suspense et le début de la vraie campagne: voici comment la presse française interprète ce jeudi l’annonce par Nicolas Sarkozy de sa candidature à l’élection présidentielle, sans être franchement convaincue par la prestation du chef de l’Etat.

"Au sens strict, ce n’est pas un événement: tout le monde avait compris, en dépit des contorsions rhétoriques, du double langage et des petites phrases faussement ingénues que le président était, de fait, en campagne", écrit Nicolas Demorand, de Libération.

Dans La Croix, François Ernenwein confirme que "personne ne peut mimer la surprise. Sans véritables rivaux à droite, Nicolas Sarkozy était depuis longtemps candidat à sa succession. En campagne sans le dire, travaillant son image de président responsable, multipliant les déplacements en régions, il était déjà bien là."

"Vous parlez d’une surprise !", s’exclame aussi Patrick Apel-Muller dans un éditorial pour le quotidien L’Humanité. "Comme si tout ce qu’il a fait ces dernières semaines ne ressortait pas d’une campagne, appuyée par les moyens publics d’un président sortant."

Cette déclaration de candidature n’est certes guère surprenante, mais elle a au moins un mérite, aux yeux de Paul-Henri du Limbert, éditorialiste du Figaro: "Le paysage de la présidentielle est désormais campé" et en cette période de crise, les Français auront le choix "entre deux visions du monde", l’une, qu’il juge "désuète", du socialiste François Hollande, et l’autre, en "forme de seconde rupture", de Nicolas Sarkozy.

"Cette annonce donne maintenant des contours plus précis à cette présidentielle marquée par une crise économique qui en donne largement le ton", juge également François Ernenwein.

Plus que cette annonce officielle, ce qu’il faut remarquer, c’est le moment auquel elle intervient, soulignent plusieurs éditorialistes.

Pour François Martin, du Midi Libre, Nicolas Sarkozy a été "obligé de changer de rythme et de calendrier" pour espérer combler son retard dans les sondages sur François Hollande.

"Cette entrée dans la bataille présidentielle est sans doute la dernière fenêtre de tir pour essayer de créer une dynamique de reconquête de l’opinion. Toutes les tentatives de ces dernières semaines se sont soldées par des échecs patents", rappelle lui aussi Antoine Guiral dans Libération.

"PASSABLE"

Car pour la presse française, le président sortant "va devoir remonter une forte pente" d’ici le 22 avril, date du premier tour, selon les termes de François Ernenwein.

Or, de ce point de vue, nombre d’éditorialistes ne jugent pas franchement réussie cette entrée en campagne.

"Passable", note Christophe Barbier, de L’Express. "Déclaration simple, propos clair, mais les deux principaux boulets sont toujours accrochés à ses pieds. D’abord le bilan, qu’il n’explique que par les crises. Ensuite, sa personne, qu’il ne semble vouloir changer que par la métamorphose en candidat."

"Pas très convaincante", estime pour sa part Sylvie Pierre-Brossolette, du Point.
"Tout cela est très sympathique, mais est-ce convaincant?", s’interroge encore la journaliste, qui évoque ses "doutes" lorsque le président candidat "affirme mettre le travail au centre de toute son action. On l’avait déjà entendu dire cela il y a cinq ans."

Quant à Renaud Dély, du Nouvel Observateur, il considère que "au moment où (Nicolas Sarkozy) enfilait enfin officiellement son costume de candidat, et brandissait ‘dynamisme’ et ‘énergie’ comme ses deux talismans garants de victoire, il n’en faisait étonnament pas preuve".

A ses yeux, "le numéro exaltait surtout comme un air de déjà vu".

Du coup, "la surprise, c’est qu’il n’y en a pas eu", souligne Michel Urvoy, de Ouest-France.

"L’impression dominante, parce qu’on a déjà entendu, dans sa bouche, tout ce qu’il a annoncé ou évoqué hier soir, serait plutôt qu’il n’a pas grand chose à proposer", ajoute ce dernier.

"Un second mandat, pour quoi faire?", se demande aussi Renaud Dély. "Au soir de l’officialisation de sa candidature, force est de constater que Nicolas Sarkozy n’a pas encore répondu à cette question."

François Martin, du Midi Libre, pose la question en des termes différents: "Est-il armé et surtout crédible cinq ans après? (…) L’extraordinaire flamme qu’il avait allumée n’est plus qu’une pâle lueur. Hier soir, Nicolas Sarkozy a fait le pari qu’il allait rallumer la mèche (…) Seule manque, pour l’heure, l’étincelle."

Comme beaucoup de ses confrères, François Ernenwein invite cependant à ne pas tirer de conclusions hâtives. "L’annonce de sa candidature, à elle seule, ne suffira donc pas à provoquer de mouvement significatif d’opinion en faveur de Nicolas Sarkozy (…) Mais, assurément, rien n’est joué. (…) Aujourd’hui, cette présidentielle reste très incertaine."

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