Présidentielle américaine: Obama et Romney s’affrontent sur le terrain diplomatique

La campagne présidentielle américaine se déplace sur le terrain international. A l’heure de l’Assemblée générale de l’ONU et de violentes manifestations anti-américaines, Barack Obama défend sa politique au Moyen-Orient. Accusé de se montrer trop faible envers les ennemis des Etats-Unis comme avec son allié israélien, le président sortant met son rival républicain Mitt Romney au défi de dire s’il veut déclencher une nouvelle guerre.

"Si le gouverneur Romney suggère que nous devrions lancer une autre guerre, il devrait le dire", a lancé Barack Obama sur la chaîne de télévision CBS dimanche soir.

C’est la première fois que le candidat démocrate répond directement et sèchement aux critiques de Romney concernant la gestion des violences contre les Etats-Unis dans plusieurs pays musulmans. Souvent organisées par des groupes islamistes, les manifestations contre le film islamophobe "Innocence of Muslims", tourné aux Etats-Unis et attribué à un chrétien copte d’origine égyptienne, ont fait au moins 51 morts, dont l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, depuis le 11 septembre.

Cela fait déjà plusieurs mois que Mitt Romney, avant même d’être officiellement investi par son parti, épingle la diplomatie américaine vis-à-vis de la Syrie, dénonçant "une politique de la paralysie" et prô nant notamment d’armer l’opposition au président Bachar el-Assad.

Depuis le début des manifestations anti-américaines, le candidat républicain tente de casser l’avantage du président Obama dans les sondages sur les questions internationales. Il juge "scandaleuse" la gestion de la situation par le gouvernement actuel, critiquant plus globalement le manque de leadership américain dans la région.

Dans un entretien parallèle à celui d’Obama, également diffusé sur CBS, Romney a élargi ses reproches à l’attitude de Washington envers l’allié israélien, qualifiant d’erreur l’absence de rencontre entre Obama et le Premier ministre Benjamin Nétanyahou à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU. Pour l’ancien gouverneur du Massachusetts, cela "envoie au Moyen-Orient un message de prise de distance avec nos amis".

La Maison Blanche a invoqué l’agenda des deux hommes, qui ne se trouveront pas à New York en même temps. A six semaines du scrutin du 6 novembre, Obama a choisi de ne pas avoir de tête-à-tête avec ses homologues lors de sa visite-éclair aux Nations unies, où il prononcera un discours mardi.

Mais le locataire de la Maison Blanche a tenu à démentir toute influence de Nétanyahou, qui exhorte Washington à définir une "ligne rouge" en matière nucléaire iranien, dont le franchissement entraînerait une intervention militaire américaine.

"Quand il s’agit de décisions relevant de notre sécurité nationale, la seule pression que je ressens, c’est de faire ce qui est juste pour le peuple américain", a rétorqué Obama. "Et je vais couper court à toute rumeur qui circule."

Dans un précédent entretien accordé au lendemain de la mort de l’ambassadeur américain Chris Stevens à Benghazi (est de la Libye), Obama avait déjà défendu sa politique étrangère, mettant en avant ses succès: la mort du chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, et la fin de la guerre en Irak.

Ces deux entretiens à "60 Minutes" surviennent alors que l’équipe de campagne de Romney tente de faire oublier une série de faux pas et d’inquiétudes dans le camp républicain. La diffusion d’une vidéo datant de mai, dans laquelle le candidat conservateur évoquait "47% d’Américains" dépendant du gouvernement et dont il ne rechercherait pas les votes, a conforté son image de candidat des riches que lui renvoient les démocrates.

Incité à passer moins de temps à lever des fonds pour mieux expliquer son programme aux électeurs, Romney va se consacrer aux quelques Etats hésitant encore entre les deux candidats (les "swing states", ou "Etats-pivots") et aux trois débats télévisés prévus contre Obama à partir du 3 octobre.

Après le Colorado, Romney entamait donc lundi une tournée de trois jours en bus dans l’Ohio et en Virginie, des Etats qu’obama avait pris aux républicains en 2008. Si les sondages nationaux restent serrés, des études menées dans ces Etats-clés suggèrent une avance d’Obama. Le président sortant l’avait emporté de neuf points en 2008 dans le Colorado, qui avait pourtant voté républicain aux trois présidentielles précédentes.

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