Pas d’accord de paix au Proche-Orient, « même pour la prochaine génération »
« Je ne crois pas qu’un accord global avec les Palestiniens soit possible d’ici un an, ni même pour la prochaine génération. » Quelques jours à peine après la reprise des négociations de paix avec la partie palestinienne, les déclarations du ministre des affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, devraient assombrir un peu plus un climat déjà bien pessimiste.
Suspendues depuis l’offensive israélienne sur Gaza, fin 2008, les négociations directes de paix ont repris jeudi dernier à Washington, sous parrainage américain, entre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. L’objectif de ces discussions est d’élaborer dans un délai d’un an un "accord-cadre" – avec des arrangements "intermédiaires" – fixant les grandes lignes d’un règlement final du conflit. Un tel règlement permettrait la création d’un Etat palestinien et l’établissement d’une "paix durable" au Proche-Orient.
Apparemment guère plus optimiste, M. Nétanyahou a quant à lui estimé dimanche qu’il était temps de trouver "des formules nouvelles" pour espérer résoudre le conflit. "Il faut tirer les leçons de dix-sept ans de négociations et, cette fois, pour réussir, nous devons penser à des formules nouvelles et trouver des solutions effectives à des problèmes complexes", a affirmé M. Nétanyahou, sans définir la nature de ces "formules nouvelles". "Nous voulons un compromis historique avec les Palestiniens, qui préserve nos intérêts, en particulier dans le domaine sécuritaire", a réaffirmé M. Nétanyahou, dans des propos diffusés par la radio militaire, au début du conseil des ministres.
DEUX MORTS À GAZA
Il a d’autre part affirmé, devant les ministres de son parti, le Likoud, que plusieurs pays arabes seraient prêts à s’engager dans le processus de paix avec Israël, mais attendent de voir. Le chef du gouvernement israélien a indiqué la semaine dernière qu’il envisageait de procéder à un référendum s’il parvient à conclure un "accord-cadre" fixant les grandes lignes d’un règlement final du conflit avec les Palestiniens.
L’Autorité palestinienne peut disparaître si elle ne parvient pas à conclure un accord de paix avec Israël, estime pour sa part le principal négociateur palestinien Saëb Erekat à la radio de l’armée israélienne. "Nous espérons parvenir à un Etat palestinien. Si nous n’y arrivons pas maintenant, autant rentrer à la maison", a dit M. Erakat, ajoutant qu’un tel scénario scellerait la victoire des islamistes du Hamas opposés à tout compromis avec Israël et qui contrôlent la bande de Gaza.
Ces sorties peu rassurantes interviennent alors que les premiers incidents transfrontaliers ont été signalés depuis la reprise des pourparlers de paix.
Deux Palestiniens ont été tués et trois autres ont été blessés par trois raids de l’aviation israélienne samedi soir contre le sud de la bande de Gaza. Deux raids ont visé des tunnels de contrebande vers l’Egypte près de Rafah faisant deux blessés hors des tunnels. Un troisième raid a visé, à l’est de la ville de Khan Younès, une ancienne base du bras armé du Hamas. Un porte-parole militaire israélien a confirmé les trois raids, précisant que le troisième avait visé "un tunnel creusé en direction du territoire israélien" en vue d’attaques au delà de la frontière. Il a indiqué que les raids étaient intervenus à la suite d’une série d’attentats en Cisjordanie revendiqués par le Hamas et d’un tir de roquette, plus tôt dans la journée, de la bande de Gaza contre le sud d’Israël.