Pakistan: une semaine après son acquittement, Asia Bibi toujours en prison
Asia Bibi, dont l’acquittement il y a une semaine avait provoqué la colère d’islamistes, qui avaient paralysé le Pakistan trois jours durant, est toujours incarcérée, ont indiqué des sources pénitentiaires mercredi à l’AFP.
Une autre source pénitentiaire a confirmé l’incarcération d’Asia Bibi, dont le président de la Cour suprême, le juge Saqib Nisar, avait pourtant prononcé la libération "immédiate" en rendant son verdict mercredi dernier.
"Elle sera libérée dès que nous recevrons l’ordre de libération", a observé M. Warraich. Ce document, généralement envoyé à l’administration pénitentiaire dans les "deux jours" suivant une décision de justice, tarde cette fois-ci à venir, a-t-il commenté.
Le ministre provincial des prisons a par ailleurs nié toute mesure sécuritaire "extraordinaire" pour assurer la sécurité de Mme Bibi, affirmant qu’"elle est déjà bien protégée par le personnel pénitentiaire".
Aucun déploiement de forces de sécurité n’était de fait visible mercredi autour de la prison de Multan, où l’activité était très habituelle, a constaté une correspondante de l’AFP.
Des tuk-tuks transportaient les visiteurs des détenus, alors que de petits restaurants rivalisaient de décibels pour attirer des consommateurs.
Le mari d’Asia Bibi, Ashiq Masih, avait pourtant demandé samedi au gouvernement pakistanais de renforcer "la sécurité" de sa femme "en prison", redoutant qu’elle n’y soit attaquée.
L’affaire Asia Bibi divise fortement le Pakistan.
Des islamistes, qui exigent son exécution, ont bloqué trois jours durant les principaux axes du pays, poussant le gouvernement du Premier ministre Imran Khan à signer un accord controversé avec eux.
L’exécutif s’y est engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer une requête en révision du jugement d’acquittement. L’accord a été critiqué par de nombreux Pakistanais.
Mme Bibi, ouvrière agricole chrétienne âgée d’une cinquantaine d’années et mère de cinq enfants, avait été condamnée à mort en 2010 pour blasphème suite à une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau.
Son cas avait ému la communauté internationale.
Alors que la maire de Paris Anne Hidalgo s’est dite lundi "prête à l’accueillir" avec sa famille dans la capitale française, son époux a demandé l’asile pour sa famille et des proches en Grande-Bretagne, au Canada et aux Etats-Unis.
L’avocat de la chrétienne, Saif ul-Mulook, a quitté samedi le Pakistan, où la question du blasphème est très sensible, craignant des représailles.