Otages français au Sahel: les familles dans le « brouillard total »

Les familles des otages français retenus au Sahel par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) sont "dans un brouillard total" et n’ont "aucune information" sur d’éventuelles négociations avec les ravisseurs, a déclaré mardi Jean-Pierre Verdon, père d’un des otages.

"On arrive à la fin de l’opération des Ifoghas, on n’a pas entendu parler des otages. On ne nous dit rien, cô té Français on ne dit rien, les jihadistes ne parlent pas non plus, c’est-à-dire que nous sommes dans un brouillard total et c’est insupportable à vivre", a regretté le père de Philippe Verdon qui est retenu au Mali sur l’antenne de la radio française RTL.

"Nous n’avons aucune information" au sujet d’éventuelles négociations, a insisté M. Verdon soulignant que les familles les souhaitaient pourtant. "C’est le voeu de chacune des familles qui se trouvent dans cette situation".

Interrogé sur la décision de la présidence française de ne pas payer de rançons aux preneurs d’otages, M. Verdon a répondu que les familles n’avaient pas le choix.

"Ce n’est pas moi qui dirige la politique de l’Etat. Nous sommes dans une situation de victimes. Nos proches sont entre les mains d’une faction qui n’a ni foi ni loi, qui ne connaît que soit la force soit l’argent. Nous, nous sommes au milieu, complètement ballottés par ces contradictions et c’est extrêmement difficile à vivre", a-t-il fait valoir.

"Je ne peux prendre position sur une politique qui est un choix de l’Etat. Je n’ai pas la capacité de modifier les décisions de l’Etat", a ajouté M. Verdon.

Selon l’épouse d’un otage français citée par le quotidien Le Monde, la présidence française refuse désormais de verser des rançons à des organisations contre lesquelles elle est "en guerre".

"C’était le 13 janvier, M. (François) Hollande nous a réunis à l’í‰lysée … il nous a dit qu’il était impensable que l’on donne de l’argent à des organisations contre lesquelles nous sommes en guerre", a déclaré Françoise Larribe, épouse de Daniel Larribe, l’un des otages français retenus au Mali.

"Ma famille et moi considérons qu’il se fourvoie dans sa gestion des otages, je suis dégoûtée", poursuit-elle.

"Je partage le sentiment de M. Verdon, l’écoeurement de Françoise Larribe, la fatigue que nous avons tous devant une situation fermée, bloquée", a pour sa part déclaré mardi à l’AFP René Robert, grand-père de Pierre Legrand, un autre otage français retenu au Mali.

"On peut comprendre le silence, mais il faudrait que les résultats arrivent maintenant vite et qu’on n’ait pas de mauvaise surprise", a-t-il ajouté.

"Si François Hollande est confronté à ce choix ultime de dire: +je lève le pouce ou je baisse le pouce+, j’espère qu’il ne baissera pas le pouce parce qu’on ne condamne pas comme ça froidement des innocents", a-t-il ajouté.

"Je m’en tiens aux phrases du président Hollande qui, lorsqu’il affirme qu’il n’est pas dans une situation de négocier, ajoute: +nous mettons en oeuvre tous les moyens pour retrouver sains et saufs les otages+", a également indiqué M. Robert.

Quinze Français sont otages dans le monde, tous en Afrique.

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