Nicolas Sarkozy exhorte ses ministres au sang-froid
"Le président de la République a dit à ses ministres qu’il attendait de leur part beaucoup de sang-froid et beaucoup de travail", a dit Luc Chatel. "Il a rappelé aux ministres qu’ils devaient faire leur travail au service des Français, calmement et avec sang-froid."
Quelques minutes plus tôt, le ministre de l’Immigration, Eric Besson, avait déclaré à des journalistes dans la cour de l’Elysée que Nicolas Sarkozy avait demandé aux membres du gouvernement de rester concentrés sur leur travail, de ne pas "alimenter les rumeurs" et de rester solidaires.
Malgré plusieurs jours d’escalade médiatico-politique et des informations du site internet d’information Mediapart le mettant pour la première fois en cause, mardi, le chef de l’Etat a "très peu" évoqué le climat politique en conseil, a dit Eric Besson.
Son message était "simple, concis, clair", a ajouté le ministre de l’Immigration: "Faites votre travail, ne vous laissez pas détourner par l’actualité, et pour le reste c’est moi qui suis maître du calendrier".
Une allusion à des rumeurs sur un remaniement ministériel plus rapide que prévu, après la démission dimanche dernier de deux secrétaires d’Etat épinglés pour des écarts de conduite, Alain Joyandet et Christian Blanc.
LE REMANIEMENT PAS PRIORITAIRE
Un peu plus tard, le Premier ministre, François Fillon, a lui-même apporté un démenti aux informations de presse faisant état d’un désaccord entre lui et le chef de l’Etat sur l’opportunité d’accélérer ce remaniement.
Ces informations lui prêtaient le souhait de ne pas attendre le mois d’octobre, délai fixé par Nicolas Sarkozy pour procéder à des changements substantiels au sein du gouvernement.
"Il est hors de question d’être l’otage de la rumeur", a dit François Fillon aux parlementaires UMP réunis à Matignon. "Notre priorité politique ce n’est pas le remaniement, c’est la sécurisation de notre régime (de retraite) par répartition et c’est le rétablissement de nos comptes publics."
Le devoir du gouvernement est de sortir la France de la crise économique et financière, a-t-il également dit.
Signe de la volonté de l’exécutif de ramener le calme, l’intervention du Premier ministre a exceptionnellement été retransmise en direct à la télévision, alors que les réunions entre le chef du gouvernement ou le président et les élus de la majorité se déroulent généralement à huis clos.
En dehors d’Eric Besson, les membres du gouvernement ont pour leur part appliqué à la lettre les consignes de discrétion du chef de l’Etat et ont refusé de répondre aux interpellations des journalistes à la sortie du conseil des ministres.
Tout juste certains ont-ils lancé quelques mots convenus sur l’ambiance de la réunion. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, l’a ainsi qualifiée d’"excellente". Eric Besson l’a dite "concentrée, comme tous les mercredis".
Eric Woerth est parti le dernier, souriant. Aux journalistes qui lui demandaient si le chef de l’Etat lui avait réitéré son soutien, il a répondu "Oui, oui".