Retranché depuis des heures dans un appartement d’où il communique avec les unités d’élite de la police, l’homme le plus recherché de France se présente comme un "moudjahid" appartenant au réseau extrémiste Al-Qaïda.
Il a expliqué aux négociateurs qu’il avait "voulu venger la mort d’enfants palestiniens" en s’en prenant le 19 mars à une école juive, et a expliqué l’assassinat des trois parachutistes par son opposition aux interventions étrangères de l’armée française.
Alors qu’il n’était pour la France qu’un homme casqué, vêtu de noir et se déplaçant à moto pour abattre militaires et enfants juifs d’une balle dans la tête, les premiers éléments de sa biographie font surface.
Né le 10 octobre 1988 à Toulouse (sud-ouest de la France), il a une mère qui dit n’avoir aucune "influence sur lui" et un frère de 29 ans, Abdelkader, adepte du salafisme, une mouvance rigoriste de l’islam sunnite. Ce frère, placé en garde à vue mercredi, avait été inquiété sans être inculpé dans une filière d’acheminement de jihadistes en Irak il y a quelques années.
Mohamed Merah a été condamné "à quinze reprises" quand il était mineur, et présentait un "profil violent", des "troubles du comportement" compatibles avec l’extrême violence des faits récents, selon le procureur de Paris François Molins.
Ce jeune homme d’environ 1,70 m, à la silhouette fine, décrit comme "déterminé, de grand sang-froid et maître de lui" par Claude Guéant, est carrossier, selon un jeune homme de son quartier d’origine.
Son ancien avocat, Christian Etelin, a révélé qu’il défendait Mohamed Merah depuis "2004 ou 2005" pour des petits délits, notamment des vols. Il l’a décrit comme un homme "poli et courtois", affirmant ne pas imaginer qu’il puisse commettre des actes "d’une dureté absolue".
"J’ai toujours connu un individu souple dans le comportement, policé, et pas rigide au point de faire penser à un certain fanatisme", s’est-il étonné.
Me Etelin l’a défendu pour la dernière fois le 24 février pour une "vieille affaire" de conduite sans permis. Il avait été condamné à un mois de prison ferme et devait comparaître début avril devant le juge d’application des peines.
Sa radicalisation s’est faite "au sein d’un groupe d’idéologie salafiste, et s’est affermie, semble-t-il, lors de deux voyages, l’un en Afghanistan, l’autre au Pakistan", selon le ministre de l’Intérieur.
Il s’était rendu dans ces pays sans passer par les filières habituelles, a indiqué le procureur.
Lors de son premier séjour il avait été intercepté de façon inopinée lors d’un contrô le routier par la police afghane, et avait été remis aux Américains qui l’avaient renvoyé en France, a précisé le procureur. De la mi-août à la mi-octobre 2011 il s’est rendu au Pakistan, un séjour écourté car il a contracté l’hépatite A.
Aux policiers, avec qui il négocie depuis son appartement, il a dit "avoir été entraîné par Al-Qaïda" au Waziristan, à la frontière afghano-pakistanaise, a rapporté le procureur.
D’après une source proche de l’enquête, il était suivi depuis des années par les services antiterroristes.
Selon le ministère de la Défense, Mohamed Merah a tenté à deux reprises sans succès de s’engager dans l’armée, d’abord dans l’Armée de terre en 2008, puis deux ans plus tard dans la Légion étrangère.
Il avait 19 ans et avait passé les évaluations, mais avait été recalé en raison de ses antécédents judiciaires. En 2010, il avait commencé à postuler à la Légion étrangère avant d’abandonner sans même passer les tests de sélection.