Michèle Alliot-Marie rattrapée par ses accointances tunisiennes
Michèle Alliot-Marie dit avoir voyagé dans un jet appartenant à un homme d’affaires tunisien lors d’un séjour fin 2010 en Tunisie mais nie qu’il s’agisse d’un membre du «clan Ben Ali».
Selon ‘‘Le Canard enchaîné’’, à paraître mercredi, elle a effectué le vol entre l’aéroport de Tunis et la station de Tabarka à bord d’un appareil de neuf places appartenant à Aziz Miled et à Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali, l’un des personnages les plus détestés du régime tombé le 14 janvier.
Aziz Miled, un ami de longue date
La chef de la diplomatie française était accompagnée dans ce voyage de ses parents et de son compagnon Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement.
«M. Miled, un ami de longue date, a proposé à Michèle Alliot-Marie de prendre place avec sa famille dans l’avion dans lequel lui-même se trouvait à destination de Tabarka», dit-on au cabinet de Michèle Alliot-Marie. «Il est exact qu’elle a pris cet avion pour Tabarka où elle a passé ses vacances.»
En revanche, le cabinet de la ministre des Affaires étrangères dément qu’Aziz Miled, qui possède notamment la compagnie aérienne Nouvelair, soit un membre du clan Ben Ali. «Le clan Ben Ali l’a obligé à céder des parts de sa compagnie d’aviation et les nouvelles autorités lui ont rendu ses parts», affirme-t-on.
Selon les proches d’Aziz Miled, dont le nom figure sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après le départ de Ben Ali, l’homme d’affaire a été forcé à s’associer au frère de Leïla Trabelsi, l’épouse du président déchu. Il aurait subi, 23 ans durant, le racket de la famille présidentielle.
Qui a payé l’avion et l’hôtel?
Le ‘‘Canard enchaîné’’ s’interroge en outre sur le fait de savoir si la ministre a réellement payé ses vacances, notamment la facture de son hôtel à Tabarka. «A la fois les billets d’avion pour la Tunisie et l’hôtel ont été réglés par Mme Alliot-Marie et sa famille», assure-t-on dans son entourage.
La ministre des Affaires étrangères a été vivement critiquée pour avoir proposé l’aide de la France à la police tunisienne au moment où celle-ci réprimait des manifestations, trois jours avant la chute et l’exil du président tunisien.
«Mes vacances sont à mes frais, et la dernière fois que j’ai vu le président, en tête-à-tête, c’était en 2006, dans mes fonctions de ministre de la Défense. Je n’avais aucun contact privilégié avec lui», a-t-elle dit au ‘‘Parisien’’ paru dimanche.
Plusieurs médias, dont ‘‘Le Canard enchaîné’’, ont écrit que la ministre avait bénéficié d’une escorte de la police tunisienne et qu’une voiture officielle l’attendait à sa descente d’avion pour la conduire à son lieu de villégiature.