Maroc : Les NEET, ces jeunes oubliés des politiques publiques

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Ils sont sans emploi, hors du système scolaire et ne suivent aucune formation non plus. Ils ont entre 15 et 24 ans et représentent ces marginalisés que les statistiques oublient de regarder. On les appelle les NEET (Neither in Employment nor in Education or Training), un acronyme qui renvoie à une réalité amère donnant à voir des jeunes livrés à eux-mêmes et sans avenir.

Au Maroc, un jeune sur 3 est un NEET. C’est ce qu’a révélé mercredi 28 mars 2018 le Haut commissariat au Plan lors de la présentation, à Rabat, des principaux résultats relatifs aux nouvelles thématiques couvertes par la réforme de l’enquête nationale sur l’emploi.

Officiellement et à en croire les chiffres du HCP, les jeunes Marocains dont l’âge varie entre 15 et 24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation représentent un peu plus de 29%. Les statisticiens du Haut commissaire Ahmed Lahlimi affinent leur recherche en précisant que les femmes NEET sont beaucoup plus nombreuses que les hommes classés dans la même catégorie. Elles sont précisément 46% contre 13% de NEET. Autre information, on a plus de « chance » d’être NEET dans la région de l’Oriental qui en en compte 34,4% qu’à Dakhla-Oued Eddahab qui enregistre le taux le plus bas de « Neither in Employment nor in Education or Training », soit 20,6%.

C’est en 2015 que le Haut Commissariat au Plan a commencé à s’intéresser au NEET du Maroc en les regroupant derrière un très générique « sans activité particulière ». Un an plus tard, cette institution, véritable poil à gratter du gouvernement marocain, affine ses statistiques et rend publics des chiffres inquiétants. Près du quart des 15-24 ans sont des Neet, soit plus de 1,68 million. Les 18-24 ans sont les plus touchés et bien évidemment les filles sont beaucoup plus nombreuses que les jeunes hommes (53% contre 15,5%)

Une étude menée par Le Centre d’Etudes Sociales, Economiques et Managériales (CESEM) situe, elle, le taux des NEET au Maroc à 35,4% de la population dont l’âge se situe entre 15 et 29 ans, soit près de 2,7 millions d’hommes et de femmes qui n’ont aucune perspective d’avenir ni horizon.

«Les niveaux élevés de chômage chez les jeunes et les conditions d’emploi précaires ont contribué à leur pauvreté et à leur exclusion sociale» avait conclu l’étude du CESEM tout en relevant que «Les NEET reçoivent peu d’attention dans la plupart des politiques de l’emploi.»
Aujourd’hui, c’est toute la question de la réponse donnée à ces NEET, ces hommes et ces femmes condamnés à l’exclusion qui se pose avec force. Les risques de marginalisation et le poids de l’exclusion font de tous ces jeunes en déshérence et qui représentant un marocain sur trois une bombe à retardement.

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