Maroc : l’arrestation du suspect d’une tentative de viol filmée soulève des questions sur la déshérence des jeunes
Narjis Rerhaye (A Rabat)
Selon la deuxième chaine de télévision publique, 2M, l’agression a eu lieu en janvier dernier près de Benguerir. L’auteur présumé de l’agression est âgé de 21 ans. La victime dont seul le prénom a été révélé –Khaoula- est, elle, mineure
Insoutenable, la séquence dure moins d’une minute. On y voit un jeune homme d’une vingtaine d’années qui tente de déshabiller avec violence une lycéenne, en tablier. La scène se passe en plein jour, sur un terrain vague. On entend les cris de la victime qui se débat sous le poids du jeune qui essaie de la maintenir à terre et de lui enlever son pantalon.
« Tu n’as donc pas de sœur, » crie-t-elle. La scène est filmée par une troisième personne. Probablement un ami du présumé coupable. Il a été identifié par la BNPJ qui est à sa recherche.
L’indignation a atteint son paroxysme face à une telle barbarie. Toute la journée de mardi, la colère a grondé sur la toile. « Comment en est ont arrivé là ? », « Comment la société marocaine a-t-elle pu enfanter de tels monstres ? », « Pourquoi cette haine contre les femmes, les filles, le sexe féminin ? ». Les questions sont nombreuses sur le web et témoignent de l’horreur.
L’historien et économiste Mohamed Ennaji livre une première réponse en qualifiant ces jeunes violeurs de « mutants ». « Ils sont désormais là, nos mutants ! Nous les avons vus à l’œuvre dans un bus, ils en débordent et exercent à ciel ouvert, en pleine rue. L’extraordinaire est qu’ils se prennent en vidéo pour visionner leur « art » et nous le faire partager, et ils ont réussi le buzz ! », a en effet posté cet intellectuel sur son mur Facebook.
Les échos de l’inhumanité d’un tel acte et de la violence de la séquence se sont fait entendre jusqu’au parlement réuni en session extraordinaire. « Nous sommes tous responsables devant ces violences sexuelles », a en l’occurrence clamé la ministre de la solidarité, de la femme et de la famille.
Dans le mouvement féminin marocain, c’est la même le même sentiment d’horreur et de dégoût qui s’est emparé des activistes. Que faire ? Comment réagir ?comment provoquer un sursaut, une prise de conscience nationale et une mobilisation agissante pour que cessent ces violences sexuelles ? Ce sont là autant d’interrogations que posent les défenseures des droits des femmes. « Certaines pensent déjà à une marche blanche, » confie une des fondatrices de l’association Jossour.
De la tentative de viol dans un bus à l’agression sexuelle en plein jour sur un terrain vague, ce sont toujours des jeunes qui bafouent l’humanité, donnent à voir une monstruosité insoupçonnée et filment leur forfait avant de le mettre en ligne. Des anti « héros » de la jungle urbaine. « Surtout, qu’on ne vienne pas me dire que les deux agresseurs de la jeune fille ne sont pas responsables de leur acte odieux, puisque non éduqués Il y a des règles de conduite, des règles d’honneur qui ne nécessitent aucune éducation… » écrit Salah Elouadie, le président de « Damir » sur son statut.
Ce mercredi, l’arrestation du présumé suspect de la tentative de viol n’a pas empêché ce goût amer du désespoir devant une jeunesse en perte de valeurs. « Quand accepterons- nous de nous poser les bonnes questions pour y trouver les bonnes solutions, une partie de notre jeunesse sombre : sauvagerie, délinquance, drogue, radicalisation…Hélas laisser nos jeunes pousser comme une herbe folle dans une jungle ne peut que nous conduire à ce chaos, il y a urgence à décréter notre jeunesse en danger de déshérence et d’agir ! », conclut Ahmed Ghayet, le président de Marocains pluriel.